La vidéosurveillance est-elle la solution?
La France et le Royaume-Uni ont choisi d’imposer la présence de caméras dans les lieux d’abattage. En Suisse, une telle éventualité est balayée par l’interprofession
Les cas de maltraitance animale dans les abattoirs ou les élevages, longtemps soustraits à la vue du public, ne sont pas une exception suisse. Tous les pays pratiquant l’agriculture intensive y sont confrontés. Certains sont toutefois passés à la vitesse supérieure en imposant la présence de caméras dans les abattoirs. C’est le cas en Israël depuis 2016, ou encore dans l’Etat indien d’Uttar Pradesh depuis 2012. En Europe, plusieurs pays ont également opté pour cette solution. Le gouvernement britannique vient d’imposer l’installation de systèmes de vidéosurveillance dans tous les abattoirs d’Angleterre. Quant à la France, elle a été le premier pays européen à légiférer cette année dans ce sens, en instaurant la même surveillance dans ses 263 établissements.
En Suisse, à chaque scandale révélé, l’idée revient sur le tapis. Avant d’être balayée par Proviande, qui oppose toujours le même argument: les images tournées par les lanceurs d’alerte montrent des pratiques isolées et ne reflètent pas la réalité de la profession.
Pour les partisans des caméras, celles-ci ont d’abord un effet préventif, en dissuadant les employés d’user de violence envers les bêtes. Les images peuvent aboutir à des sanctions a posteriori, lorsque des infractions sont constatées par les services vétérinaires officiels, qui sont les seuls habilités à les visionner.
«Du point de vue de l’impact sur le citoyen-mangeur, pareille mesure n’aurait que des effets bénéfiques sur sa responsabilité morale et sa capacité à choisir en toute connaissance de cause son modèle alimentaire», écrivait cette semaine l’historien Grégoire Gonin dans les colonnes du Temps. La question ne trouvera d’issue que sur le terrain politique.
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