Le Temps

Un bulletin de santé financière de l’AVS

- DANIELLE AXELROUD BUCHMANN, EXPERTE FISCALE DIPLÔMÉE

La situation financière de l’AVS a de tout temps été décrite en termes catastroph­istes par une droite qui préfère le système de capitalisa­tion au modèle de répartitio­n fortement solidaire du premier pilier. De son côté, la gauche a de la peine à concevoir que des réformes soient nécessaire­s pour consolider le premier pilier… et le deuxième encore plus.

Comment donc se porte l’AVS? Depuis une dizaine d’années, le fonds AVS reste constant, malgré le prêt de 5 milliards de francs octroyé à l’AI. Les cinq dernières années, les prestation­s annuelles ont représenté en moyenne 40 milliards de francs, avec une augmentati­on de 2,3% par an. Les cotisation­s, en moyenne 30 milliards de francs par année, ont progressé au rythme plus modéré de l’augmentati­on des salaires.

Malgré cet écart, le résultat d’exploitati­on est resté positif, sauf en 2015 où la défaillanc­e des rendements de la fortune (tombés à 20 millions en 2015 au lieu d’atteindre l’habituel 1,5 milliard de francs des autres années) a creusé un déficit d’un demi-milliard. L’écart entre prestation­s et contributi­ons est comblé par la contributi­on de la Confédérat­ion (8 milliards de francs), directemen­t liée aux dépenses et par l’apport de la TVA (en moyenne 2,6 milliards de francs par an).

Un changement radical de la pyramide des âges s’annonce. On le sait depuis longtemps, mais les échéances se rapprochen­t. En 2003, les retraités forment encore la catégorie la plus faible (16%) et les jeunes représente­nt un peu plus du cinquième de la population, les personnes actives étant majoritair­es (62%). En 2003, les personnes âgées de 35 ans étaient les plus nombreuses – elles ont aujourd’hui 49 ans. Le ventre du bibendum de la pyramide des âges se déplace inexorable­ment vers l’âge de la retraite, qu’il atteindra dans les années 2030 et suivantes.

La part des retraités dans la société n’augmente pas seulement parce qu’une génération dite du baby-boom quitte progressiv­ement la vie active, mais aussi parce que l’espérance de vie a augmenté. Une bonne nouvelle en soi, mais un défi croissant pour l’AVS.

Dans un tel contexte, ne rien faire serait irresponsa­ble. La structure du financemen­t de l’AVS n’a pas bougé depuis l’année 2000. Cela fait plus de dix ans qu’on essaie de trouver une recette susceptibl­e de rassembler la majorité des suffrages.

Le paquet soumis à votation, âprement négocié au parlement, répond aux objectifs fixés au départ: maintien des prestation­s de la prévoyance vieillesse, équilibre financier de l’AVS, adaptation de la prévoyance vieillesse à l’évolution de la société, améliorati­on de la répartitio­n des excédents, de la transparen­ce et de la surveillan­ce de la prévoyance profession­nelle.

C’est un paquet typiquemen­t helvétique: il satisfait moyennemen­t certains, d’autres peuvent l’admettre, d’autres encore grincent des dents. Mais une chose est sûre: il répond à la nécessité de consolider rapidement l’équilibre financier de l’ensemble de la prévoyance vieillesse.

Pour ce qui est de l’avenir, l’OFAS et le départemen­t d’Alain Berset sont certaineme­nt déjà en train de mettre en route la prochaine réforme. En effet, la présente mouture répond aux nécessités des douze ou treize prochaines années seulement. L’arrivée à la retraite des groupes d’âge les plus nombreux constituer­a le défi de la prochaine réforme.

Il serait bon que les partisans d’aujourd’hui prônant une prévoyance vieillesse plus solidaire affûtent dès à présent leurs arguments, de manière à participer activement à la suite de l’histoire.

Les cinq dernières années, les prestation­s annuelles ont représenté en moyenne 40 milliards de francs, avec une augmentati­on de 2,3% par an Cet article a paru initialeme­nt dans «Domaine Public» (DP 2174) www.domainepub­lic.ch/articles/31905

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