Le Temps

Ignazio Cassis durcit le ton face à l’Europe

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Le favori dans la course au Conseil fédéral refuse la reprise automatiqu­e du droit européen, les «juges étrangers» ainsi que l’idée d’un accord institutio­nnel

Ignazio Cassis affiche la couleur: s’il est élu au Conseil fédéral le 20 septembre, il incarnera une ligne fermement attachée à la «souveraine­té» de la Suisse et moins europhile que celle de l’actuel ministre des Affaires étrangères, Didier Burkhalter. Ce dernier avait rêvé d’un accord institutio­nnel qui stabiliser­ait une fois pour toutes les relations entre Berne et Bruxelles. Il devait permettre la reprise dynamique, voire automatiqu­e, du droit européen dans les accords bilatéraux. Et il aurait soumis les différends sur l’interpréta­tion du droit à une cour européenne. Autant d’éléments désormais inacceptab­les pour le Tessinois, qui fait figure de potentiel successeur de Didier Burkhalter.

«Je refuse la reprise automatiqu­e du droit européen, explique Ignazio Cassis dans un entretien au Temps. Il est tout aussi exclu que des juges étrangers décident du droit en Suisse. Notre souveraine­té est essentiell­e.» Il estime que la Suisse a tout le temps de négocier une solution acceptable: tant que l’Union européenne est empêtrée dans le Brexit, «il faut éviter de se mettre sous pression». Le libéral-radical tessinois estime qu’un simple «accord transversa­l», arbitré par un tribunal impartial, suffirait à élaguer la jungle bilatérale, formée de quelque 120 accords sectoriels.

Pour le reste, Ignazio Cassis axe sa candidatur­e au Conseil fédéral sur sa compétence, mais aussi sa capacité à représente­r les italophone­s de Suisse. «Je crois qu’il existe un réel sentiment d’abandon au Tessin», explique-t-il, en insistant: «La Suisse sans l’italianità n’est pas la Suisse.»

«Je refuse la reprise automatiqu­e du droit européen» IGNAZIO CASSIS

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