L’indispensable M. Maudet
Cette semaine, Genève s’est numérisé. Plus concrètement, l’administration du canton a utilisé la technologie blockchain pour simplifier les flux dans le domaine du Registre du commerce. Justement le genre de tâche pour lequel l’Etat doit affecter des ressources quand bien même cela crée très peu de valeur ajoutée.
C’est une initiative de Pierre Maudet. Le même qui a lancé très tôt une conférence sur le bitcoin, qui se passionne pour la cybersécurité et ses opportunités et qui vit dans un canton où le vote électronique est une technologie totalement intégrée.
Les chances du conseiller d’Etat genevois à la course au Conseil fédéral, sur le papier, sont minces, beaucoup plus que celles de ses concurrents prévisibles. Et il est à parier que, contrairement à ce qui s’est passé en France ce printemps, il n’y aura pas de grands scandales susceptibles de mettre ses concurrents à terre. La Suisse est ainsi faite et c’est tant mieux.
Pourtant, la cote de Pierre Maudet – un jeune politicien aux affaires depuis longtemps – pourrait être plus grande que celle d’Emmanuel Macron avant la présidentielle française. Il y a aussi en Suisse le besoin d’avoir des dirigeants au fait de l’époque. Nous sommes bien au-delà de l’effet «jeune»: la compréhension des nouveaux phénomènes induits par la technologie devient cruciale. Les anciennes grilles de lecture se révèlent de moins en moins pertinentes sur toute une série de dossiers, de la politique migratoire au soutien à accorder à l’idée d’un fonds souverain.
La quatrième révolution industrielle ouvre la voie à une génération de leaders, certes libéraux mais persuadés que l’Etat a un rôle à jouer, notamment dans un moment de reconfiguration sociétale tel que nous le vivons. Comment faire face à des enjeux aussi différents que ceux du Big Data, de l’intelligence artificielle ou de l’ubérisation de l’économie? C’est un job pour un radical du XIXe siècle, de ceux qui ont construit la Suisse moderne. Ou pour un PLR du XXIe siècle, capable d’incarner une forme de révolution en faisant de la politique autrement.
Bien sûr, c’est le parlement qui vote et le Genevois n’a pas le meilleur réseau sur place. Mais cet animal politique a su monter un programme. Et il dispose de suffisamment d’énergie et de charisme pour convaincre même les plus refroidis en montrant qu’il peut prendre les choses en main. La gauche peut aimer son côté étatiste et la droite sa capacité de savoir donner un sens à son action.
C’est peut-être la formule pour convaincre.
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