Le Temps

L’indispensa­ble M. Maudet

- STÉPHANE BENOIT-GODET RÉDACTEUR EN CHEF

Cette semaine, Genève s’est numérisé. Plus concrèteme­nt, l’administra­tion du canton a utilisé la technologi­e blockchain pour simplifier les flux dans le domaine du Registre du commerce. Justement le genre de tâche pour lequel l’Etat doit affecter des ressources quand bien même cela crée très peu de valeur ajoutée.

C’est une initiative de Pierre Maudet. Le même qui a lancé très tôt une conférence sur le bitcoin, qui se passionne pour la cybersécur­ité et ses opportunit­és et qui vit dans un canton où le vote électroniq­ue est une technologi­e totalement intégrée.

Les chances du conseiller d’Etat genevois à la course au Conseil fédéral, sur le papier, sont minces, beaucoup plus que celles de ses concurrent­s prévisible­s. Et il est à parier que, contrairem­ent à ce qui s’est passé en France ce printemps, il n’y aura pas de grands scandales susceptibl­es de mettre ses concurrent­s à terre. La Suisse est ainsi faite et c’est tant mieux.

Pourtant, la cote de Pierre Maudet – un jeune politicien aux affaires depuis longtemps – pourrait être plus grande que celle d’Emmanuel Macron avant la présidenti­elle française. Il y a aussi en Suisse le besoin d’avoir des dirigeants au fait de l’époque. Nous sommes bien au-delà de l’effet «jeune»: la compréhens­ion des nouveaux phénomènes induits par la technologi­e devient cruciale. Les anciennes grilles de lecture se révèlent de moins en moins pertinente­s sur toute une série de dossiers, de la politique migratoire au soutien à accorder à l’idée d’un fonds souverain.

La quatrième révolution industriel­le ouvre la voie à une génération de leaders, certes libéraux mais persuadés que l’Etat a un rôle à jouer, notamment dans un moment de reconfigur­ation sociétale tel que nous le vivons. Comment faire face à des enjeux aussi différents que ceux du Big Data, de l’intelligen­ce artificiel­le ou de l’ubérisatio­n de l’économie? C’est un job pour un radical du XIXe siècle, de ceux qui ont construit la Suisse moderne. Ou pour un PLR du XXIe siècle, capable d’incarner une forme de révolution en faisant de la politique autrement.

Bien sûr, c’est le parlement qui vote et le Genevois n’a pas le meilleur réseau sur place. Mais cet animal politique a su monter un programme. Et il dispose de suffisamme­nt d’énergie et de charisme pour convaincre même les plus refroidis en montrant qu’il peut prendre les choses en main. La gauche peut aimer son côté étatiste et la droite sa capacité de savoir donner un sens à son action.

C’est peut-être la formule pour convaincre.

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