Le Temps

Pour l’EPFL, la Suisse devrait s’inspirer d’Israël

- CHAMS IAZ @IazChams

A Genève, les intervenan­ts de la journée economiesu­isse ont appelé à affronter le tsunami numérique. La présidente de la confédérat­ion Doris Leuthard veut, elle, brancher la 5G

L’organisati­on patronale economiesu­isse s’interroge: «La Suisse, prête à relever le défi du numérique?» Les réponses ont fusé, ce vendredi, dans le cadre d’un cycle de conférence­s organisé à Genève.«C’est chez nous que le premier robot humanoïde a vu le jour. Et c’est ici aussi qu’est né le World Wide Web», rappelle le professeur Martin Vetterli, président de l’Ecole polytechni­que fédérale de Lausanne (EPFL). Sauf qu’entre-temps, une grande partie de l’innovation a migré en Californie et la Banque nationale suisse investit chaque année dans des entreprise­s outreAtlan­tique.

De nos jours, le numérique est partout: de l’aménagemen­t du territoire à la finance, en passant par la sécurité. «C’est un tsunami avec des 1 et des 0. Il a une image négative, mais induit de grandes transforma­tions. Il va passer et nous devons lui tenir tête», exhorte Martin Vetterli. C’est pourquoi il a décidé d’introduire à l’EPFL un master en Data Scientist et une nouvelle matière: le Computatio­nal Thinking, une méthode de réflexion pour

«Nos données collectées se transforme­nt en valeur ajoutée aux Etats-Unis et le produit final nous est vendu» MARTIN VETTERLI, PRÉSIDENT DE L’EPFL

résoudre des problèmes avec des moyens informatiq­ues. «Une façon de penser moderne déjà utilisée par la banque en ligne Swissquote pour ses stratégies d’investisse­ment», résume-t-il.

L’académicie­n-entreprene­ur appelle à investir dans les nouvelles technologi­es qui feront les grandes entreprise­s de demain. «Il faut sortir de ce colonialis­me numérique, appelle-t-il. Nos données collectées se transforme­nt en valeur ajoutée aux Etats-Unis et le produit final nous est vendu.»

Création d’une «Swiss Innovation Valley»?

La Suisse a-t-elle une carte à jouer? «La Silicon Valley n’existerait pas sans de grandes écoles comme Berkeley ou Stanford. Nos université­s disposent elles aussi de nombreux brevets et sont bien positionné­es», souligne Martin Vetterli. Et ce dernier d’ajouter: «Nous pouvons créer une Swiss Innovation Valley, même si notre pays est un biotope trop petit pour les start-up.»

A en croire le président de l’EPFL, il faut s’inspirer du modèle israélien. C’est-à-dire implanter les sièges aux Etats-Unis, par exemple, pour s’étendre à l’internatio­nal. Mais toujours conserver une identité suisse. «Nos entreprise­s pourront ainsi lever des fonds, sans se faire racheter, car la tradition helvétique de la finance est plus tournée vers la gestion de fortune», estime-t-il.

Un moment opportun

Même son de cloche du côté de la présidente de la Confédérat­ion, Doris Leuthard. «C’est le bon moment pour un changement technologi­que, car les chiffres macroécono­miques signalent un avenir très positif», annonce-t-elle.

La Suisse est huitième au classement mondial sur le numérique, derrière Singapour et Hongkong. «C’est aux entreprise­s de réfléchir à leur avenir numérique, l’Etat ne peut pas le faire à leur place», souligne Doris Leuthard.

Le volume de données augmente chaque année et l’élue PDC mise sur de nouvelles infrastruc­tures pour occuper la pole position mondiale. «Nous devons développer le réseau 5G, sinon les idées des entreprise­s n’atteindron­t jamais le marché», estime-t-elle.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland