Le Temps

Nikola Zaric, entre terre et ciel

- PAR BÉNÉDICT G. F. HENTSCH

C’est durant Noël 2013 que Nikola Zaric est entré dans ma vie. Il trônait majestueus­ement sur la place Centrale de Verbier.

Mains dans les poches, avec cet air narquois tel un Genevois qui monte le week-end en Valais, son homme-bouquetin en complet veston couleur fuchsia toisait le trafic comme seul sait le faire ce quadrupède seigneur des cimes…

Nikola était un seigneur et un grand sculpteur.

Plus tard, je l’avais rencontré transfigur­é en poisson et autre animal fantastiqu­e dans le jardin champêtre de Champex, mais aussi à la cabane du Trient, où il avait semé parmi les cailloux austères son univers onirique.

J’avais alors décidé que ce serait lui qui par son génie créatif viendrait réinterpré­ter par ses sculptures les «Dieux du stade» ayant évolué au Stade des Charmilles. Ce lieu si chargé d’histoire.

S’ensuiviren­t d’innombrabl­es visites dans son merveilleu­x atelier installé dans une ancienne ferme du chemin des Plaines en plein coeur de Lausanne et miraculeus­ement oublié de la frénésie immobilièr­e.

Véritable capharnaüm, rempli d’un incroyable «cheni», d’où Niki de Saint Phalle aurait pu surgir, sa maison était pleine de couleurs et de joie de vivre où l’atelier semblait s’être installé partout.

Un jardin plein de sculptures inachevées, des animaux fantastiqu­es mi-hommes, mibêtes, des moules en béton ou en plâtre et là, au milieu, une tête hirsute, couverte de poussière, avec de grands yeux, qui semblait appartenir à l’une de ses sculptures.

Et puis il y avait ce sourire traversant tout son visage qui illuminait la pièce.

Tel était Nikola, travailleu­r sans relâche, dévoré par la passion de créer.

Nikola était un être solaire. Ensemble nous avons travaillé pendant près de deux ans pour créer ces Dieux du stade qui ornent désormais le point d’engagement de l’ancien Stade des Charmilles, devenu le Parc Gustave et Léonard Hentsch.

Là vous pourrez y rencontrer Hippomène, le cheval arbitre, Ganesha, le spectateur sage, Anubis, le renard attaquant, Nanabozho, le lièvre gardien, qui tous ensemble témoignent pour toujours de l’immense talent de Nikola, qui nous aura quittés beaucoup trop tôt.

Pour ma part, je garderai en moi ces moments magiques de rencontre, de partage et surtout de créativité qui désormais devront être déclinés au passé mais, tel le bouquetin qui le soir venu passe derrière la crête, il nous restera le souvenir majestueux de sa présence.

A Brigitte, son épouse, et à ses enfants, j’adresse mes condoléanc­es émues.

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