Les écrivains et leurs mentors

L’idée est venue au milieu de l’été: et si nous demandions aux écrivains de nous écrire un texte sur l’auteur classique qui les inspire et les nourrit? A eux de choisir dans leur bibliothèque intime, sans barrière aucune, parmi la littérature mondiale, suisse comprise, une oeuvre qui compte pour eux et de présenter ce choix aux lecteurs du Temps. En quelques e-mails, une évidence s’est imposée: cette simple demande a suscité un élan d’enthousiasme, les réponses ont fusé. Cette nouvelle série, baptisée Mentor, débute aujourd’hui (page 37) avec Metin Arditi. Le romancier arrivé sur les rives du Léman à l’âge de 7 ans, soudainement seul dans un pensionnat, a pu mettre des mots sur ses émotions grâce à Kafka et plus tard faire le choix de l’écriture.

Les écrivains sont de grands lecteurs, peutêtre les meilleurs lecteurs qui soient. Bien souvent, le mouvement intérieur, qui fait qu’un soir ou un matin on se retrouve à écrire, débute dans l’émotion de la lecture. Dans la forêt des mots, où les arbres ont la couleur du monde, les livres des autres sont les cailloux du Petit Poucet.

Même isolé, même au coeur du silence, on n’écrit jamais seul. Que cette série permette de prendre la mesure de ces réseaux d’estime, d’amour qui lient les écrivains par-delà le temps et l’espace, est un de nos souhaits. Parce que ces témoignages sont aussi des invitations à la lecture, à ouvrir le cercle de celles et ceux qui puisent des forces dans les mots. Enfin, dans cette invitation lancée aux écrivains d’ici, il y a aussi le souhait de prendre la mesure du nombre de talents que cette région abrite. Bonnes lectures.