La milliardaire Liliane Bettencourt n’est plus
La première fortune française, au coeur d’énormes enjeux de pouvoir et d’argent depuis des décennies, est décédée jeudi à 94 ans
Son nom rimait d'abord avec L'Oréal. Héritière de l'empire cosmétique fondé en 1909 par son père Eugène Schueller, Liliane Bettencourt, décédée jeudi à 94 ans, fut toujours au centre d'énormes enjeux de pouvoir et d'argent en France.
Deux exemples: le rôle joué par son mari André (décédé en 2007), parlementaire puis ministre sous de Gaulle et Pompidou, et le scandale politico-financier qui, bien plus tard sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, ternira sa dynastie. Liliane Bettencourt, soupçonnée d'avoir financé l'ancien chef de l'Etat (qui bénéficiera d'un nonlieu), se retrouve en 2015 devant les juges, où sa fille Françoise a traîné l'ex-ami de la famille François-Marie Banier, pour avoir abusé des faiblesses de sa mère et lui avoir soutiré plusieurs centaines de millions d'euros. La femme la plus riche du monde (36 milliards de dollars selon Forbes), trahie par plusieurs de ses anciens employés, ne se présentera pas devant le tribunal qui lui accordera finalement 158 millions d'euros de dommages et intérêts.
Evasion fiscale
Longtemps restée dans l'ombre de son époux, cette femme d'influence sut peser sur le destin de la multinationale, dont sa famille détient toujours 4% du capital. Elle favorisa l'entrée de Nestlé – actionnaire à hauteur de plus de 20% – avec lequel elle resta longtemps liée par un pacte d'actionnaire. Elle orchestra aussi l'arrivée de Lindsay Owen-Jones, président de la société jusqu'en 2011 et maître d'oeuvre de son développement.
En Suisse, le nom de Liliane Bettencourt aura aussi rimé avec évasion fiscale, lorsque en 2011 un redressement oblige l'intéressée à fermer une douzaine de comptes domiciliés à Genève et Singapour, pour une centaine de millions d'euros. La milliardaire régularise sa situation et n'est pas poursuivie par le fisc. La dynastie Bettencourt est désormais représentée par sa fille unique, Françoise, longtemps en bataille avec sa mère qu'elle considérait comme sénile, et par les deux fils de celle-ci, Nicolas et Jean-Victor. La fondation Bettencourt-Schueller affiche depuis hier sur son site web un seul message: «Merci Madame».
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