«La Fed ignore les promesses de Trump»
La Fed tourne la page du stimulus monétaire qui avait démarré en 2008. Charles St-Arnaud, stratège senior à la banque Lombard Odier, analyse les décisions annoncées mercredi soir
La politique hors du commun de la Réserve fédérale américaine touche à sa fin. A l’issue de la réunion mensuelle de son Comité de politique monétaire mercredi soir, sa présidente Janet Yellen a confirmé que le programme d’assouplissement monétaire sera graduellement réduit à partir du mois prochain. Grâce à ce programme qui avait démarré en novembre 2008, la Fed a injecté 4500 milliards de dollars dans l’économie américaine.
Qu’avez-vous retenu du message de la Fed? La hausse des taux d’intérêt va se poursuivre aux Etats-Unis. Janet Yellen a indiqué que le rythme pour 2017 et 2018 demeure inchangé. La Fed a aussi indiqué qu’elle allait réduire son bilan à hauteur de 10 milliards de dollars par mois dès octobre prochain. Enfin, je retiens que la Fed garde le cap de sa politique monétaire malgré les effets négatifs des ouragans qui ont frappé les EtatsUnis. Elle les considère comme limités et temporaires.
En maintenant sa politique, la Fed affirme que son programme d’assouplissement monétaire a donné les résultats escomptés… C’est un succès. La croissance est robuste et l’emploi est aussi à un haut niveau. L’objectif d’inflation n’est certes pas atteint, mais je pense qu’à terme les prix augmenteront dans le sillage de la hausse de la masse salariale.
Comment la Fed intègre-t-elle la politique économique de l’administration Trump dans ses prévisions? Elle a l’habitude d’incorporer la politique économique seulement quand celle-ci est mise en oeuvre ou réelle. Pour l’instant, on n’en est pas là. La réforme fiscale et le plan de relance en infrastructures, s’ils se matérialisent, auront un impact sur la politique monétaire. Pour le moment, elle ignore les promesses du président Trump. Elle observe, elle étudie mais ne l’intègre pas dans ses projections.
Comment le marché a-t-il accueilli les annonces de la Fed? Plutôt bien, même s’il s’attendait à un rythme plus lent des hausses du taux d’intérêt. Le rendement des obligations américaines a pris l’ascenseur. Le dollar s’est aussi apprécié vis-à-vis des principales devises. Le marché des taux devra continuer d’intégrer l’inflation dans les prix des actifs dans les mois à venir.
STRATÈGE SENIOR CHEZ LOMBARD ODIER
«La politique de la Fed est un succès. La croissance est robuste et l’emploi est aussi à un haut niveau»
La Banque centrale européenne (BCE) va-t-elle suivre le mouvement? Les banques centrales sont indépendantes. En Europe, le focus est sur la reprise qui est revenue et qui est robuste. En revanche, l’inflation sous-jacente est toujours faible. L’euro qui s’est fortement apprécié ces dernières semaines reste une source d’inquiétude. Nous anticipons que la BCE annonce, lors de sa prochaine réunion des gouverneurs en octobre, son plan pour réduire ses achats d’actifs à partir de l’an prochain.