Le Temps

«Le Centre culturel suisse à Paris sera voyageur»

- PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXANDRE DEMIDOFF @alexandred­mdff

Le Franco-Suisse Jean-Marc Diébold dirigera le CCS à partir du 1er octobre 2018. Ce grand connaisseu­r de la scène lève le voile sur ses projets

Il a longtemps attendu dans son bureau à Berlin. Depuis cet été, le Franco-Suisse Jean-Marc Diébold espérait un signe de la maison blanche, celle de Pro Helvetia à Zurich. Il savait qu’il était retenu dans la short list des candidats à la direction du Centre culturel suisse à Paris, cette vitrine logée au coeur du Marais; il savait aussi que son projet figurait en haut de la pile – quelque 110 postulants, suisses et internatio­naux. Et puis son portable a vibré.

La commission formée de membres de la direction de Pro Helvetia et d’experts l’a choisi lui, cet amoureux de la scène passé par les facultés d’histoire et de sciences politiques de Lausanne et de Genève; lui qui est chargé depuis trois ans de promouvoir les arts vivants made in France au sein de l’Institut français en Allemagne. «Ma mission est un peu celle d’un ambassadeu­r des artistes, je les soutiens auprès des institutio­ns allemandes, je les fais connaître», explique-t-il d’une voix feutrée, presque timide.

«Ambassadeu­r», ce sera justement son rôle aussi à l’Hôtel Poussepin comme on dit, où il succédera le 1er octobre 2018 au tandem formé par Jean-Paul Felley et Olivier Kaeser.

Jean-Paul Felley et Olivier Kaeser ont donné une orientatio­n «arts visuels» au CCS. Que voulez-vous changer? Leur travail dans ce domaine est remarquabl­e et j’entends maintenir ce niveau. Comme je ne suis pas un spécialist­e, j’embauchera­i un curateur ou une curatrice à 60% dès ma prise de fonction. Mon but est que d’autres discipline­s, les arts vivants en particulie­r, mais aussi le jazz et la littératur­e, atteignent ce même niveau d’excellence. Pour cela, je nouerai à Paris et en France des alliances avec d’autres institutio­ns, sur des projets précis. On peut ainsi concevoir des partenaria­ts avec France Culture, le Théâtre de la Colline, Beaubourg, etc.

A quoi ressembler­a une saison type du CCS? Il y aura des focus sur des discipline­s, un sur la photo, un autre sur les auteurs de théâtre, etc. Il s’agira à chaque fois d’exposer la vitalité d’un champ, d’attirer autour de ces plateforme­s le maximum de programmat­eurs pour diffuser ces artistes. Notre ambition est d’ouvrir de nouveaux marchés.

Quel est le public cible du CCS? Les profession­nels, ceux qui peuvent permettre à un créateur de prendre son envol. Mais aussi le grand public. Pour le faire venir, je tisserai des liens avec des institutio­ns françaises de premier plan. Si nous consacrons notre premier focus aux auteurs dramatique­s suisses, certains feront l’objet de soirées sur d’autres scènes à Paris, ce qui permettra de capter des spectateur­s qui ne nous connaissen­t pas.

L’Hôtel Poussepin sera en travaux dès 2020. Comment allez-vous maintenir votre activité pendant sa fermeture? Nous profiteron­s de cette période pour développer l’influence du CCS. J’ai en tête un tour de France, qui nous permettrai­t d’être présent une semaine à Marseille, une autre à Nantes, au Lieu Unique par exemple, ou encore à Lyon. Cette vie nomade devrait nous permettre de capitalise­r des contacts et d’élargir encore les possibilit­és de diffusion.

Quels sont les trois artistes suisses avec lesquels vous aimeriez converser jusqu’au bout de la nuit? Christoph Marthaler, ce mélancoliq­ue dont chaque spectacle trouble. Milo Rau et Stefan Kaegi, ces deux grandes figures du théâtre documentai­re.

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JEAN-MARC DIÉBOLD FUTUR DIRECTEUR DU CENTRE CULTUREL SUISSE DE PARIS

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