Les réactions épousent le Röstigraben
SCANDALE Face à l’agression de Christian Constantin contre Rolf Fringer, la Suisse alémanique demande des sanctions exemplaires, la Suisse romande observe, parfois sur un air de «fallait pas le chercher»
En partie filmée, instantanément relayée sur les réseaux sociaux, rapidement commentée par les médias, l’agression de Christian Constantin à l’encontre de Rolf Fringer a très vite permis de dessiner sur la carte du pays un Röstigraben des réactions. En Suisse romande, où les frasques du personnage font partie du paysage et amusent autant qu’elles agacent, on relate les faits, on hausse les épaules, sur un air de «fallait pas le chercher». En Suisse alémanique, où l’on observe le FC Sion avec davantage de recul, le ton est beaucoup plus dur. Impitoyable.
Dans le football suisse, la rubrique sportive du Blick fait les rois et façonne l’opinion. Son chef, Felix Bingesser, appelle dans un éditorial cinglant à des sanctions exemplaires. «Retirez cet homme de la circulation!» demande-t-il dès le titre, avant d’étayer son propos. «Celui qui pensait avoir tout vu dans le sport suisse doit se frotter les yeux: rien n’est impossible. […] Le football suisse tient là un des plus grands scandales de son histoire.» Sur la même longueur d’onde, René Weder (Teleclub) implore une réaction en conséquence: «Le mieux, ce serait d’interdire Christian Constantin de tous les stades de Suisse à vie.»
La ligne rouge franchie
La Neue Zürcher Zeitung emploie sans surprise des mots moins enflammés mais le message est le même: l’agression perpétrée par Christian Constantin ne doit pas rester sans (lourdes) conséquences. «Constantin est un récidiviste, qui s’en est toujours pris ces dernières années à ses propres joueurs, arbitres ou entraîneurs. La plupart du temps avec des mots grossiers, mais dans certains cas physiquement aussi.» Mais, pour le journaliste Flurin Clalüna, le président sédunois a souvent bénéficié d’indulgence car il représente «un facteur de divertissement dans le football suisse». En frappant Rolf Fringer, il a franchi une ligne rouge.
A chaud, la presse romande, elle, n’appelait pourtant pas à de lourdes sanctions. Oui, Constantin a «craqué», pouvait-on lire un peu partout en matinée. Mais les articles des journalistes présents au Cornaredo se voulaient le plus factuels possible et exploraient les antécédents entre les deux hommes, dont les critiques formulées publiquement. «Il ne fait pas bon s’attaquer à Christian Constantin par voie de presse. Rolf Fringer en a fait l’expérience jeudi soir à Lugano», commençait la dépêche de l’ATS Sport.
Sur son site web, Le Matin proposait un sondage autour de la question: «Comprenez-vous la réaction de Christian Constantin envers Rolf Fringer?» Première réponse possible: «Oui, il a bien fait de ne pas se laisser marcher sur les pieds.» Un tiers des votants pensaient ainsi dans l’aprèsmidi. Sur les réseaux sociaux, ils étaient néanmoins plus nombreux à préférer la deuxième réponse: «Non, c’est un scandale de se comporter de cette manière.»
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«Retirez cet homme de la circulation!» FELIX BINGESSER, RESPONSABLE
DE LA RUBRIQUE SPORT DU «BLICK»