Genève, capitale culturelle en devenir
Hambourg est désormais une capitale culturelle prisée, un statut qu’elle doit sans aucun doute à sa toute nouvelle Philharmonie de l’Elbe, aérienne structure de verre et de béton posée sur un socle de briques et imaginée par les architectes bâlois Herzog & de Meuron. Lorsqu’on pense à Sydney, une image s’impose instantanément: celle de son Opera House, avec sa structure composée de voiles de béton prêtes à s’envoler – une réalisation du Danois Jørn Utzon. Et plus près de nous, le KKL de Lucerne, oeuvre de Jean Nouvel, impressionne par son porte-à-faux toisant fièrement le Lac des Quatre Cantons.
Posséder une prestigieuse salle de concert est, pour une ville qui se veut internationale, un atout touristique et économique majeur. C’est dans cette optique que Bruno Mégevand, président de la Fondation pour la Cité de la musique de Genève, souhaite depuis 2013 doter la Cité de Calvin d’une structure musicale capable de rivaliser avec les plus belles salles du monde – un projet financé par des investissements privés. Ambitieux? Oui. Utopique? Non. La Cité de la musique est désormais sur les rails avec notamment, hier vendredi, la fin du premier tour d’un concours d’architecture qui va voir un jury se pencher sur dix-huit propositions. Parmi celles-ci sera désigné, le 12 octobre prochain, le bureau lauréat. Et enfin seront révélées les formes de ce grand rêve collectif.
On le sait, Genève est une étape prisée des grands orchestres symphoniques. Y ériger un bâtiment de prestige n’a dès lors rien d’une douce rêverie. Afin d’accompagner ce projet qu’il suit depuis ses premières esquisses, Le Temps a décidé de donner la parole – à travers un dossier de six pages – à ceux qui le portent et qui en seront les utilisateurs, à l’image de l’Orchestre de la Suisse romande et de la Haute Ecole de musique. En janvier dernier, François Longchamp, président du Conseil d’Etat, parlait de «jour de chance historique pour Genève» au moment où l’Organisation des Nations unies annonçait céder pour 90 ans un droit de superficie afin que la Cité de la musique s’implante sur son site, pour une ouverture prévue en 2022.
A l’heure où se dessinent à Genève les contours de la Nouvelle Comédie et d’un possible Pavillon de la danse, en marge d’une politique culturelle volontariste, notamment en matière de photographie, la Cité de la musique se profile comme un bâtiment emblématique de la ville, un lieu qui devrait contribuer à lui donner une image de grande capitale culturelle, et lui permettre ainsi de définitivement sortir de la longue crise qu’elle a traversé depuis le refus en 2001 par le peuple d’un nouveau Musée d’ethnographie. A Genève, l’histoire est en marche.