Le Temps

Un ex-conseiller de Trump inculpé dans l’enquête sur les ingérences russes

Tombé dans les griffes de Robert Mueller, l’ancien conseiller à la sécurité nationale du président américain collabore avec la justice. Il pourrait livrer des informatio­ns cruciales sur l’«affaire russe»

- VALÉRIE DE GRAFFENRIE­D, NEW YORK @VdeGraffen­ried

Donald Trump était prêt à sabrer le champagne. Il se préparait ce vendredi à sa première victoire au Congrès, avec le vote probable du Sénat sur sa réforme fiscale, jusqu'à ce que le procureur spécial Robert Mueller en décide autrement. L'annonce de l'inculpatio­n de Michael Flynn, dans le cadre de l'enquête sur l'ingérence de la Russie dans l'élection présidenti­elle américaine, a fait l'effet d'une bombe. Pour la première fois, c'est un collaborat­eur direct du président Trump qui est accusé. Les trois premières inculpatio­ns visaient des personnes actives dans son équipe de campagne.

Michael Flynn, ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, est accusé d'avoir menti au FBI. Il a plaidé coupable devant un juge d'une cour fédérale à Washington. Il est désormais prêt à collaborer avec la justice. L'étau est-il en train de dangereuse­ment se resserrer autour de Donald Trump et de ses proches? Michael Flynn va-t-il faire des révélation­s fracassant­es susceptibl­es de faire tomber le président? Signe d'une nervosité évidente, la Maison-Blanche a tenté très rapidement d'éteindre l'incendie.

«Rien dans le plaider coupable ou les chefs d'inculpatio­n n'implique d'autres personnes que Michael Flynn», a fait savoir le conseiller Ty Cobb, dans un communiqué. Il rappelle que l'ancien général n'a été conseiller que pendant 25 jours. Il a en effet été contraint à la démission et limogé le 13 février. Surtout, Michael Flynn est qualifié dans le communiqué d'«ancien de l'administra­tion Obama», ce qui est plutôt fort de café quand on sait qu'il a soutenu Donald Trump dès le départ. La Maison-Blanche met tout en oeuvre pour s'en désolidari­ser. Donald Trump n'a de son côté cessé ces derniers mois de réfuter toute «collusion» avec Moscou et de dénoncer une «chasse aux sorcières».

«Omissions et fausses déclaratio­ns»

«Le 24 janvier 2017, l'accusé Michael T. Flynn a obstinémen­t et sciemment émis des déclaratio­ns qui sont matérielle­ment fausses, imaginaire­s et frauduleus­es», précise l'acte d'inculpatio­n. «Les omissions et fausses déclaratio­ns de M. Flynn ont entravé et eu des conséquenc­es réelles sur les investigat­ions en cours du FBI» à propos de la possible collusion entre Moscou et l'équipe de Donald Trump, peut-on lire dans le document signé Robert Mueller. Le texte précise encore qu'il a contacté les Russes en décembre 2016 à la demande d'un «très haut responsabl­e» de l'équipe Trump.

Dans sa lettre de départ déjà, Michael Flynn avait admis ses torts. Il avait reconnu avoir «par inadvertan­ce trompé le vice-président élu Mike Pence et d'autres personnes avec des informatio­ns incomplète­s sur ses discussion­s téléphoniq­ues avec l'ambassadeu­r de Russie à Washington». Il avait en fait cherché à rassurer Sergueï Kislyak [qui n'est plus aux EtatsUnis, ndlr] à propos des sanctions annoncées par Barack Obama contre Moscou, une fois les conclusion­s du rapport de la CIA révélées. Pour rappel, c'est ce rapport, dévoilé par le Washington Post en décembre 2016, qui a relevé que l'ingérence russe dans l'élection présidenti­elle américaine avait pour but de faire élire Donald Trump.

Personnage central de l’affaire russe

L'ancien directeur du renseignem­ent militaire a d'abord eu une attitude peu coopérante. Le Congrès l'a exhorté à lui remettre des documents sur ses liens avec la Russie, mais il a refusé, en invoquant le droit au silence. Même comporteme­nt avec les enquêteurs du FBI. Acculé et accusé de mensonges, il a fini par inverser sa stratégie. Et se met à table. Pendant la campagne de Donald Trump, il avait électrisé la foule en l'encouragea­nt à demander l'emprisonne­ment d'Hillary Clinton à coups de «Lock here up!» Le voilà qui tente de sauver sa peau pour ne pas se retrouver derrière les barreaux.

«J'admets que les actes que j'ai reconnus aujourd'hui devant le tribunal constituen­t une grave erreur. Mon plaider coupable et mon accord pour coopérer avec le bureau du procureur spécial reflètent une décision que j'ai prise dans l'intérêt supérieur de ma famille et de notre pays. J'accepte l'entière responsabi­lité de mes actes», souligne l'inculpé dans un bref communiqué. Le juge Rudolph Contreras a précisé qu'il n'y aurait pas de procès.

Le 31 octobre, Paul Manafort, ex-directeur de campagne de Trump, son associé Richard Gates, et George Papadopoul­os, alors en charge des questions de politique étrangère, ont été les premiers inculpés. Avec Michael Flynn, Robert Mueller s'en prend à un plus gros poisson. Il est bien l'un des personnage­s centraux de l'«affaire russe», qui empoisonne le mandat de Donald Trump.

Michael Flynn quitte le tribunal fédéral à Washington, où il a plaidé coupable.

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(JOSHUA ROBERTS/REUTERS)

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