Le Temps

Coup de semonce contre le Club suisse de la presse

- SIMON PETITE t @SimonPetit­e

Après une conférence de presse controvers­ée sur la Syrie, le parlement menace de retirer sa subvention cantonale au Club suisse de la presse, dirigé par le député Guy Mettan, qui ne cache pas ses sympathies pour la Russie de Poutine

La subvention du canton de Genève au Club suisse dans la presse (CSP), en pleine tourmente pour avoir relayé la propagande russe sur la Syrie, est remise en question. Mercredi, la Commission des finances du Grand Conseil a en effet recommandé de supprimer la subvention annuelle de 100000 francs versée par le canton au CSP, révélait vendredi Radio Lac. Le dernier mot reviendra au Grand Conseil lors du vote du budget à la mi-décembre. «Nous sommes inquiets, car la subvention couvre 15% du budget annuel du CSP. Mais nous restons confiants dans la mesure où cette décision a l’allure d’un geste de mauvaise humeur passager», réagit Denis Etienne, président du comité du CSP et rédacteur en chef adjoint de la Tribune de Genève.

Multiples casquettes

Le CSP est dirigé depuis sa création en 1997 par Guy Mettan, qui n’a pas souhaité s’exprimer. L’influent député démocrate-chrétien ne cache pas ses sympathies pour la Russie de Vladimir Poutine et dénonce la «russophobi­e» des médias occidentau­x. Il est par ailleurs président de la Chambre de commerce entre la Suisse, la Russie et les ex-république­s soviétique­s.

De multiples casquettes qui mettent en doute l’indépendan­ce du CSP, l’une des vitrines de la Genève internatio­nale. Les critiques ont redoublé depuis mardi et cette conférence de presse très orientée, sollicitée par la mission russe mais pas annoncée comme telle, sur les casques blancs syriens. Ces sauveteurs sont accusés par Damas et Moscou d’être liés à des groupes djihadiste­s.

Dénonçant cette conférence, la section suisse de Reporters sans frontières menace de se retirer du CSP, dont elle est membre cotisante. «Guy Mettan remplit parfaiteme­nt sa mission, qui est de donner la parole à toutes les tendances, mais, vu l’émotion, nous en discuteron­s évidemment lors de notre prochaine séance de comité», poursuit Denis Etienne.

«Cela ne me dérange pas que le CSP donne la parole à des avis très divers», explique toutefois Roger Deneys, l’auteur de l’amendement visant à supprimer la subvention cantonale. Le député socialiste n’en est pas à son coup d’essai. «Le soutien de l’Etat assure surtout le salaire du directeur du CSP, une structure pourrait tourner avec des frais de fonctionne­ment plus limités. Je trouve aussi hypocrite de demander des économies à tout-va, sauf pour soi-même», dénonce-t-il.

En plein débat budgétaire, la position de Guy Mettan, à la fois juge et partie, suscite un certain malaise dans les rangs du parlement genevois. «C’est d’autant plus problémati­que si le CSP est au service du pouvoir russe. Personne n’est russophobe mais on peut légitimeme­nt être critique du gouverneme­nt de Vladimir Poutine», renchérit François Lefort, député vert au Grand Conseil.

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