Le Temps

MARIO BELLINI, LA BEAUTÉ MADE IN ITALY

- PAR EMMANUEL GRANDJEAN @ManuGrandj

Inspiré par l’art et la nature, l’un des grands designers et architecte­s de la Péninsule se découvre dans un livre passionnan­t

Vous ne connaissez pas la Kar-aSutra. Mais vous imaginez sans peine l’affaire: un véhicule dont les transports empruntera­ient les voies rapides vers l’éros. La voiture de l’amour existe, du moins son prototype. En 1972, le designer Mario Bellini envisageai­t une spazio-mobile pour se vautrer. Les années étaient propices. C’étaient celles de la vie en communauté, de la liberté sexuelle et des échanges de fluides (intellectu­els, culturels, corporels). Il en avait même fait la star d’un tout petit film tout à fait digne pour montrer les avantages de cette drôle de machine qui se conduisait à plusieurs.

Le Milanais qui, en 2017, voit réédité son fauteuil 932 de 1967 chez Cassina, a eu droit cette année à sa grande rétrospect­ive à la Triennale di Milano. L’exposition était accompagné­e d’un livre, l’un des rares consacrés à l’oeuvre de ce créateur dont l’influence sur le style italien est pourtant colossale. Car il n’est pas seulement question de design et de projets d’architectu­re dans cet ouvrage, mais d’expression de la forme et de l’idée de beauté.

Préfacé par le critique d’art Germano Celant – inventeur du terme Arte povera – Mario Bellini. Italian

Beauty raconte comment le designer démarra sa carrière en 1963 chez Olivetti pour qui il dessina un ordinateur profilé comme un squale. La nature et l’art l’inspirent. Tiré d’un célèbre tableau, la pointe du sein de Gabrielle d’Estrée devient le bouton d’une calculatri­ce, la cornette d’une religieuse se transforme en lampe complèteme­nt pop. «La quête de la beauté doit être incessante, insiste le designer. Mais elle ne peut être l’unique objectif de l’architecte qui doit surtout engager un dialogue avec l’humanité, avec la ville, avec le paysage et entre la culture, la religion, etc.» Mario Bellini, designer existentie­l, vise donc l’harmonie. Dans une société qui surconsomm­e, chaque objet qui naît doit avoir raison d’être. Une leçon à retenir.

 ??  ?? Titre | Mario Bellini. italian beauty Editeur | Silvana Editoriale Langues |
Uniquement en anglais et en italien
Pages | 272
Titre | Mario Bellini. italian beauty Editeur | Silvana Editoriale Langues | Uniquement en anglais et en italien Pages | 272

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland