MARIO BELLINI, LA BEAUTÉ MADE IN ITALY
Inspiré par l’art et la nature, l’un des grands designers et architectes de la Péninsule se découvre dans un livre passionnant
Vous ne connaissez pas la Kar-aSutra. Mais vous imaginez sans peine l’affaire: un véhicule dont les transports emprunteraient les voies rapides vers l’éros. La voiture de l’amour existe, du moins son prototype. En 1972, le designer Mario Bellini envisageait une spazio-mobile pour se vautrer. Les années étaient propices. C’étaient celles de la vie en communauté, de la liberté sexuelle et des échanges de fluides (intellectuels, culturels, corporels). Il en avait même fait la star d’un tout petit film tout à fait digne pour montrer les avantages de cette drôle de machine qui se conduisait à plusieurs.
Le Milanais qui, en 2017, voit réédité son fauteuil 932 de 1967 chez Cassina, a eu droit cette année à sa grande rétrospective à la Triennale di Milano. L’exposition était accompagnée d’un livre, l’un des rares consacrés à l’oeuvre de ce créateur dont l’influence sur le style italien est pourtant colossale. Car il n’est pas seulement question de design et de projets d’architecture dans cet ouvrage, mais d’expression de la forme et de l’idée de beauté.
Préfacé par le critique d’art Germano Celant – inventeur du terme Arte povera – Mario Bellini. Italian
Beauty raconte comment le designer démarra sa carrière en 1963 chez Olivetti pour qui il dessina un ordinateur profilé comme un squale. La nature et l’art l’inspirent. Tiré d’un célèbre tableau, la pointe du sein de Gabrielle d’Estrée devient le bouton d’une calculatrice, la cornette d’une religieuse se transforme en lampe complètement pop. «La quête de la beauté doit être incessante, insiste le designer. Mais elle ne peut être l’unique objectif de l’architecte qui doit surtout engager un dialogue avec l’humanité, avec la ville, avec le paysage et entre la culture, la religion, etc.» Mario Bellini, designer existentiel, vise donc l’harmonie. Dans une société qui surconsomme, chaque objet qui naît doit avoir raison d’être. Une leçon à retenir.