LA PETITE HISTOIRE DES GRANDS EXPLOITS SUISSES AUX JEUX
Un ouvrage recense pour la première fois le parcours des 484 médaillés olympiques suisses
◗Deux ans de travail, de recherches, d’enquêtes parfois, pour ne plus être à jour dans trois mois… Sauf catastrophe (un 0 pointé, comme à Innsbruck en 1964), la Suisse comptera en effet plus de 328 médailles olympiques après les 23e Jeux d’hiver en février 2018 à Pyeongchang.
Qu’importe! Le livre que l’ancien journaliste Alain Meury consacre à tous les médaillés suisses de 1896 à 2016 est un ouvrage qu’il faut avoir chez soi si l’on aime la Suisse et ses champions. D’une part parce que la démarche est inédite, d’autre part parce qu’il y a bien plus que des statistiques dans cette galerie de portraits parcourant trois siècles. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, on ne trouve pas tout sur Internet. Le détail, le contexte, l’histoire humaine derrière l’exploit: ces aspects sont souvent lacunaires ou inexistants dans les documentations disponibles.
A la retraite de la RTS depuis deux ans, l’ancien journaliste de sport s’est attelé à combler ce vide. Une aventure à la fois balisée et incertaine. «Les JO d’avantguerre, sauf ceux de 1936 à Berlin, n’ont pas intéressé grand monde. Et les fédérations et associations sportives, CIO ou FIFA exceptés, ont peu d’archives, constate-t-il. Les archives du Journal de Genève et de la Gazette de Lausanne sur le site du Temps m’ont été d’un grand secours.»
Chaque médaillé (il y a 328 médailles mais 484 médaillés) a droit à un portrait, plus ou moins détaillé selon les sources à disposition. «Souvent, les informations sont contradictoires. Je n’ai gardé que ce dont j’étais sûr.»
Du premier (le Neuchâtelois Louis Zutter en 1896) au dernier (le grison Nino Schurter à Rio en 2016), les noms défilent. Et avec eux l’histoire. L’athlète suisse le plus médaillé est le gymnaste George Miez, 8 médailles dont 4 en or. Alain Meury lui préfère son contemporain et concurrent Eugen Mack. «Mack a aussi 8 médailles olympiques, mais seulement 2 en or. A Berlin en 1936, il était nettement le meilleur mais son refus de faire le salut nazi lui valut d’être classé quatre fois deuxième, à chaque fois derrière un Allemand. A son retour en Suisse, une foule de 20 000 personnes l’attendait à la gare.»
Grâce au soutien financier de quelques sponsors (Omega, Loterie romande) et à l’aide de Keystone et du Musée olympique pour les archives photos, ce gros et beau livre paraît à un prix abordable (59.–). La préface est signée Guy Parmelin. Le ministre des Sports a d’abord voulu lire le texte avant d’apporter sa caution à «un ouvrage patrimonial».