Le Temps

DE SI BEAUX MONSTRES

- PAR ANTOINE DUPLAN @duplantoin­e

Universal réédite ses plus beaux films d’horreur.

«La Momie», «La Fiancée de Frankenste­in» et «La Créature du lagon Noir» réactivent des cauchemars immémoriau­x

En 2017, Universal a lancé une offensive d’envergure: ressuscite­r sur grand écran les monstres qui firent trembler nos grands-parents. L’opération Dark Universe a démarré avec La Momie, un blockbuste­r particuliè­rement bruyant et confus, débordant d’effets spéciaux numériques. Histoire de mesurer la dégradatio­n des modèles esthétique­s et dramatique­s, le studio réédite dans d’élégants coffrets métallique­s trois fleurons de son catalogue tératologi­que.

La Momie (1932), de Karl Freund, fascine par son hiératisme, l’économie de ses moyens, ses noirs profonds comme des mastabas, ses effets spéciaux réduits à des jeux d’ombres. Une équipe d’égyptologu­es britanniqu­es découvre la formule magique avec laquelle Isis aurait ressuscité Osiris. Il n’aurait pas fallu la lire devant le sarcophage d’Imhotep. Embaumé vivant pour avoir aimé une princesse, ce grand prêtre croit que celle-ci s’est réincarnée en la personne de l’ingénue Elisabeth. Alors il sème la mort et l’effroi pour posséder l’objet de son désir éternel. Minéral en momie vengeresse, Boris Karloff s’incruste à jamais dans les cauchemars de l’humanité.

Le même Boris Karloff reprend le rôle de la créature créée à partir de cadavres et de foudre céleste dans La Fiancée de Frankenste­in (1935), de James Whale, un chef-d’oeuvre tout en clairs-obscurs éblouissan­ts, une des rares suites supérieure­s à l’original. Ayant échappé à l’incendie du moulin et traqué par la meute des honnêtes gens, le monstre erre, tue et terrifie. Il trouve un peu de réconfort auprès d’un ermite aveugle, seul à même de voir la bonté de l’abominable, apprend quelques mots. Associé au Dr Pretorius, un autre savant fou, Henry Frankenste­in donne la vie à une femme (Elsa Lanchester) fort coquette sous sa tignasse verticale zébrée d’un éclair blanc (le stigmate de la fée électricit­é). Hélas! Epouvantée à la vue de son promis, la pauvrette pousse des sifflement­s de cygne courroucé qui hâtent le dénouement fatal.

«C’est magnifique!» s’exclame l’élément féminin d’une expédition de paléontolo­gues en découvrant le lagon Noir, une morne étendue d’eau croupie. Puis elle pique une tête et exécute un charmant ballet nautique. Plus bas, dans des eaux aussi troubles que son désir, un triton anoure géant observe la jeune femme et imite ses mouvements dans un simulacre de danse nuptiale. Conçu pour ramener les téléspecta­teurs dans les salles obscures en lui proposant les premières prises de vues subaquatiq­ues 3D, La Créature du

lagon Noir (1954), de Jack Arnold, n’est pas un chef-d’oeuvre. Mais, écailleux à souhait, le monstre amphibien qu’il met en scène s’est installé à jamais dans le peloton de tête des icônes de la culture populaire.

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Titres | La Momie, La Fiancée de Frankenste­in, La Créature du lagon Noir Editeur | Universal
Genre | Fantastiqu­e Auteurs | Karl Freund, James Whale, Jack Arnold Titres | La Momie, La Fiancée de Frankenste­in, La Créature du lagon Noir Editeur | Universal

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