Une action des collectifs pour les sans-abri
Chassées d’une salle de gymnastique vendredi soir, des personnes en situation de précarité dénoncent le manque d’espaces d’hébergement d’urgence
S’ils avaient passé la nuit du 10 au 11 novembre sur la place de la Riponne auprès des sans-abri de la ville, c’était déjà pour «dénoncer une situation tendue». Selon les collectifs, entre 50 et 100 personnes dorment toutes les nuits dehors et leur nombre va croissant. Sur la page Facebook de l’événement baptisé «Sleep’Out», les initiateurs revendiquent: «Nous voulons des solutions concrètes d’hébergement des personnes sans abri, quels que soient leur statut et leur situation.»
A leurs yeux, depuis, rien n’a changé. «Nous avons donc voulu rendre ces sans-abri visibles. Il fallait une altercation», explique une membre du Collectif New Life, fraîchement constitué.C’est ce qui s’est passé. Vendredi soir vers 17h, le collectif a investi une salle de gymnastique dans le quartier de GrandVennes, avec plus de 50 sans-abri. Et à 20h30, ils ont été évacués par une vingtaine de policiers sous les ordres de la municipalité.
En fin de soirée, la salle de gymnastique était vide. Les sans-abri cherchaient un refuge. Et la Ville, une solution. Elle l’a présentée le lendemain dans un communiqué: ses différentes structures d’hébergement d’urgence offriront 50 places supplémentaires, le temps que la météo s’améliore.
Manque d’anticipation
«Ce n’est clairement pas suffisant», proteste le conseiller communal d’Ensemble à fauche Pierre Conscience. Son parti SolidaritéS réclame l’ouverture rapide de 150 places d’accueil supplémentaires à Lausanne. L’homme dénonce un manque d’anticipation de la Ville: «Avant vendredi, la municipalité n’était pas prête.» Et la plainte que la Ville dit vouloir déposer pour violation de domicile lui reste en travers de la gorge. «C’est une honte que le droit de propriété passe avant la nécessité de prendre en charge des personnes dans le besoin. La municipalité brille par son inaction.»
Ce n’est pas l’avis d’Oscar Tosato. Le chef du Département de la cohésion sociale précise que la Ville soutient plusieurs actions pour venir en aide aux plus démunis. Ce week-end, il a vérifié: «Vingt places étaient disponibles, samedi soir, dans l’abri de la Vallée de la jeunesse.» Mais le socialiste constate l’augmentation du nombre de personnes dans le désarroi dans la capitale vaudoise. «La municipalité veut renforcer le dispositif. L’événement de vendredi soir concerne des personnes migrantes. La solution doit donc être trouvée dans le cadre d’une loi sur les étrangers», précise-t-il. «Revendiquer le droit universel, accueillir tout le monde reflète d’un esprit d’humanité qui ne fait pas l’ombre d’une contestation. Toutefois, il faut savoir le gérer.» ▅