Le campus RTS de l’EPFL en danger
Future vitrine lausannoise de la SSR, le nouveau siège de la radio romande pourrait ne jamais voir le jour. Eclairage
Si «No Billag» s'impose, le futur campus RTS, joyau lausannois sur la couronne du service public romand, pourrait ne jamais voir la lumière. C'est ce qu'affirme Barbara Schutz, sa cheffe du service relations médias: «En cas d'acceptation de l'initiative, le projet sera naturellement définitivement stoppé, sans alternative ni plan B.» Dans le cas contraire, indique-t-elle, le chantier – qui n'a pas encore commencé – ne sera ouvert qu'après le dépôt du dossier de mise à l'enquête et l'obtention de l'autorisation de construire, courant 2018.
De quoi parle-t-on? Le campus RTS est un projet immobilier destiné à accueillir la radio romande, désormais à l'étroit sur son site historique de la Sallaz. Relogée sur le campus de l'EPFL, elle profiterait d'un nouvel édifice flambant neuf, qui accueillerait également un grand studio de télévision, de nombreux espaces de travail, un centre de production multimédia, un incubateur de start-up et de quoi accueillir des camions de tournage. Environ 600 collaborateurs y sont attendus. A proximité immédiate du Learning Center, l'édifice devrait également inspirer «plusieurs collaborations concrètes» avec l'école polytechnique, notamment sur «l'avenir des médias». La possibilité d'abriter les archives audiovisuelles du CIO ou de l'ONU dans un futur «centre de mémoire» a également été évoquée. Retour sur l'histoire d'un projet qui pourrait ne jamais sortir de son carnet de croquis.
«La circulation des métiers et des idées»
Mai 2013, la RTS annonce le déménagement de la radio sur le campus de l'EPFL. Trop à l'étroit à la Sallaz, le service public souligne que la construction d'un nouveau bâtiment sera plus économique que de rénover l'ancien. A proximité de l'autoroute, le nouvel emplacement devrait aussi réduire les dépenses de transport. Annoncé pour 2019, le projet est estimé entre 60 et 70 millions de francs. Le coût du projet devrait être en grande partie couvert par les 55 millions de francs encaissés sur la vente de l'ancien siège au canton. Celui-ci projette d'y loger le Département de la formation et de la jeunesse (DFJ) ainsi que celui des finances.
Une année et demie plus tard, en octobre 2014, un projet développé par deux architectes belges est retenu. Sorte de vaisseau spatial ultramoderne, le bâtiment, explique le directeur de la SSR, Gilles Marchand, «permettra la circulation des métiers et des idées». Le budget annoncé est revu à la hausse: 90 à 95 millions de francs. Une fois les 55 millions de francs déduits de la facture, le solde du coût du campus, soit une quarantaine de millions, serait remis à la charge du budget du service public. En juin 2015, alors que les Suisses s'apprêtent à voter sur l'extension de la redevance, la question est posée de savoir si le moment est bien choisi pour se lancer dans un projet aussi ambitieux. «Je ne maîtrise pas le calendrier politique», répond Gilles Marchand, qui ne désire pas «mettre le projet en veilleuse parce qu'on vote dans quelques jours». Le scrutin tournera en faveur de la SSR d'un cheveu, à 50,1%.
«Beaucoup de choses remises en question»
Deux ans plus tard, la SSR bataille pour défendre son bien-fondé. Le premier coup de pioche résonnera-t-il jamais sur le campus universitaire? Pascal Broulis juge prématuré de s'exprimer sur le sujet. «Mais beaucoup de choses sont remises en question», concède le grand argentier vaudois. Interrogé en 2013, le ministre des Finances louait un projet «gagnant-gagnant» pour le canton et la SSR. Prémonitoire, il ajoutait: «Maintenant, il faut qu'il se réalise.»
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