Comment lire cette carte
Un point = un mort. Sur cette carte sont représentés les hommes, femmes et enfants morts (par noyade ou hypothermie) ou disparus en mer sur l’une des trois routes maritimes utilisées par l’écrasante majorité des migrants pour tenter de rejoindre l’Europe, entre le 1er janvier 2005 et le 18 décembre 2017. Soit 21 167 points pour autant de décès.
Des chiffres sous-estimés. Cette carte utilise deux bases de données de référence. The Migrant Files, gérée par des journalistes européens, complète des bases plus anciennes (United et Fortress Europe). Ces données s’arrêtent en juin 2016. La recension des morts des derniers dix-huit mois est tirée du projet Missing Migrants de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). De l’avis de plusieurs experts, le nombre de morts en Méditerranée est largement sous-estimé – beaucoup de bateaux de fortune coulent en silence. Une vue subjective. Le cartographe Levi Westerveld a fait le choix assumé de représenter la rive nord de la Méditerranée sous la forme d’un trait noir épais telle une ligne d’horizon, pour «casser» la vision nord-sud habituelle. Les distances sont aussi artificiellement agrandies, pour mieux représenter l’expérience vécue par les migrants qui naviguent avec des boussoles portatives sur des embarcations instables: cette impression d’être au milieu de nulle part, dans l’immensité de la mer, entre inconnu et incertitude.