Les lecteurs s’enflamment pour les lettres d’amour
La correspondance amoureuse entre Maria Casarès et Albert Camus triomphe en librairie, tout comme les lettres d’amour de François Mitterrand à Anne Pingeot ont touché les foules. Pourquoi une telle passion aujourd’hui?
«Je viens de recevoir ta lettre de vendredi et je me suis sentie soudain baignée dans l’éblouissement de tous les printemps du monde», écrit Maria Casarès à Albert Camus. Leurs échanges amoureux, épistolaires et littéraires se sont déjà vendus à 45000 exemplaires. La preuve, peut-être, qu’à l’heure du SMS et du hashtag l’amour a encore besoin de mots sublimes, de formules tendres et secrètes pour se déployer pleinement dans nos vies et dans notre imaginaire.
Quoi de mieux que de nourrir nos liens, nos désirs et nos espoirs avec les passions d’autrui. Surtout quand autrui fascine comme Camus, émeut comme Maria Casarès, intrigue comme Mitterrand. C’est notre propre désir d’amour que nous cultivons dans leurs mots.
La lettre d’amour est follement romanesque, mais c’est aussi de l’intime, du vrai, «la vie même qui vous happe», dit l’éditrice Caroline Coutau, qui a publié les lettres de Maurice Chappaz et Corinna Bille. Nous ne sommes pas tous des écrivains ou de grands personnages, mais tous nous connaissons l’amour, l’absence, l’attente, le quotidien, l’intime. Lire des correspondances amoureuses nous rapproche des poètes et nous donne des mots pour dire ce que nous ne savons pas ou plus toujours dire. Or, déclare le critique Alexandre Gefen, le langage amoureux est toujours emprunté aux livres.
«Ce que j’écris m’est égal, le seul fait de vous écrire est ce qui me plaît»
SIMONE DE BEAUVOIR À NELSON ALGREN,
24 JUIN 1947