«Un artiste ne peut pas vivre que du marché suisse»
Bourlinguer est sa vie. Philippe Bischof a ses habitudes à Berlin. Il a habité longtemps en France. Il a travaillé en Autriche. Comme un symbole, il lance son mandat en organisant trois journées intitulées Crossroads*, en collaboration avec la DDC et le festival Antigel à Genève. Objectif: présenter au grand public et aux professionnels le travail de promotion de Pro Helvetia à l’étranger.
A l’occasion de Crossroads, vous célébrerez les jubilés des bureaux de liaison de New Delhi, de Johannesburg et du Caire. De telles antennes sont-elles encore utiles à l’ère de la digitalisation? Ces bureaux élargissent le champ d’activité de l’art et la culture suisses. Un artiste ne peut pas vivre que du marché et du public suisses. Ces bureaux permettent aussi l’échange culturel qui est l’une de nos missions fondamentales.
Oui, mais les échanges peuvent se faire par d’autres moyens… On diffuse presque tout par le numérique, sauf la vraie rencontre humaine. En résidence à New Delhi, un artiste se confronte à une autre réalité, une autre sensibilité, peut s’ouvrir de nouveaux débouchés. C’est ce qui s’est passé par exemple avec l’écrivain Jonas Lüscher au Caire. Pro Helvetia a contribué à la traduction en arabe de son roman Le Printemps des barbares. Sur place, il a rencontré d’autres écrivains, des intellectuels, des lecteurs, il en a résulté un reportage. Le principe de ces bureaux, c’est de positionner notre culture dans ce monde et d’encourager l’échange culturel. La Suisse n’est pas une île.
Jean-Marc Diébold succédera le 1er octobre à Jean-Paul Felley et Olivier Kaeser à la tête du Centre culturel suisse à Paris. Qu’attendez-vous de ce nouveau directeur, qui vient comme vous du monde de la scène? Olivier Kaeser et Jean-Paul Felley ont fait un travail remarquable. Ils ont profilé le centre, lui ont donné une orientation arts visuels et arts de la scène, mais aussi interdisciplinaire. Ils ont aussi cultivé une exigence élevée. Le nouveau directeur fera des choix qui lui appartiennent et qui seront différents. Mais j’attends que la programmation reste pointue. Et que le CCS soit une vitrine pour les créateurs de tout le pays, pas seulement romands, mais aussi alémaniques, tessinois et romanches.
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