Le biryani Netflix-Amazon
◗ Peut-être est-ce une déformation professionnelle. N’empêche, il est difficile de rater ces panneaux publicitaires grands comme des maisons qui jalonnent les autoroutes de certains pays. L’autre jour, arrivée à Mumbai (Bombay), en taxi depuis l’aéroport. Une de mes premières images frappantes du paysage urbain indien restera donc une immense publicité de Netflix, qui promeut sa nouvelle série de science-fiction, Altered Carbon, dévoilée ce vendredi. Je reverrai des panneaux, presque aussi volumineux, en pleine ville, à des carrefours de quartiers ordinaires. Dans le même temps, Amazon vante sa fiction en feuilleton, Breathe, par une publicité à peine moins visible.
On prend la mesure de la vitesse et la méticulosité avec lesquelles les nouveaux géants du divertissement mènent leur conquête du monde. Netflix a fêté le deuxième anniversaire de sa présence en Inde en janvier. La société développe au moins cinq projets dans ce pays, des séries ainsi qu’un long-métrage de prestige, bien sûr pour une diffusion directement en ligne. Breathe, elle, représente déjà la deuxième série indienne d’Amazon. Au fait, après quelques déambulations dans les rues de Mumbai, je me rends compte de l’absence totale de vendeurs de CD/DVD sur les trottoirs. Le Web a balayé le secteur – je relève qu’il demeure des étals de journaux…
Au pays de Bollywood, les diffuseurs californiens veulent se faire remarquer. La taille du marché attise leur appétit, même s’ils doivent composer avec une diversité culturelle qui compliquera leur jeu. Ça tombe bien, Altered Carbon, adaptée d’un roman de Richard K. Morgan, est un thriller assez radical dans son futur, de quoi rassembler largement.
Le tohu-bohu de Netflix et d’Amazon ne freine en rien l’écrasant succès du nouveau blockbuster indien omniprésent dans les cinémas. On peut imaginer qu’il ne bousculera pas plus les feuilletons des TV classiques, lesquels se succèdent sur certaines chaînes par tranches de trente minutes durant les soirées. La production traditionnelle a sa force et son enracinement. Gageons que, dans le sous-continent, Netflix va plutôt manger des parts de marché aux films américains en salles. En somme, les Américains se battent entre eux. ■