Andri Ragettli, un voltigeur aux JO
Le Grison de 19 ans représente clairement une chance de médaille à Pyeongchang. Fervent adepte des réseaux sociaux, il manie extrêmement bien sa communication sur la Toile
Les pendulaires un peu attentifs n’ont pas pu manquer sa petite silhouette voltigeuse en contrejour dans un ciel d’altitude au soleil couchant: le jeune athlète de ski freestyle (slopestyle) Andri Ragettli, Grison de 19 ans, fait la une du magazine des CFF Via.
Méconnu en Suisse romande, cet espoir qui participe aux imminents Jeux olympiques de Pyeongchang n’est pourtant pas le premier venu. Vainqueur de la Coupe du monde de slopestyle 2015-2016 et tout récemment monté sur le podium à Aspen, il est aussi le premier skieur du monde à avoir réussi le quad cork 1800, soit quatre sauts périlleux vrillés arrière avec cinq tours complets sur lui-même en tenant ses skis. Il l’a réalisé aux Nine Royals 2017 dans le Tyrol du Sud, en Italie,. On peut en déguster toutes les subtilités sur Youtube, sous le titre «World’s first Quad cork 1800 on skis».
Andri Ragettli est à nouveau leader de la Coupe du monde de slopestyle et toujours pionnier de quelques figures, qu’il diffuse abondamment sur Youtube, Facebook, Twitter et Instagram. Là où ses abonnés se comptent par dizaines de milliers. Mais il s’est surtout fait connaître avec une vidéo d’entraînement en salle où on le voit enchaîner des acrobaties. Là, il a eu le bon goût de porter un maillot de Cristiano Ronaldo, ce qui a bien aidé à propager ledit film, qu’on trouve sur le Net avec le terme de recherche «Parcour».
Comme l’explique la RTS, il a publié cette vidéo le 10 septembre dernier. Puis le «ninja grison» a donc vu sa séquence être reprise sur le compte Twitter du Real, avec le commentaire suivant: «Quel incroyable entraînement de l’étoile de ski freestyle @AndriRagettli.» Du coup, elle a été visionnée plus de 80 millions de fois: Le fait qu’il portait le fameux maillot merengue de «CR7» «a sans doute convaincu» le community manager du club madrilène. Même le Daily Mirror britannique, quatre jours après, concluait ainsi son article: «Remember the name: Andri Ragettli. Unbelievable.»
Si l’on a encore très peu parlé des performances de cet athlète prometteur de ce côté-ci de la Sarine, c’est que des experts du freestyle trouvent qu’il se fait un peu mousser sur le Net avec des exercices pas aussi compliqués qu’ils en ont l’air. Médisance, jalousie ou critiques fondées? Cela reste à éclaircir, mais ces vidéos semblent surtout pensées pour le spectacle, un facteur qui n’enlève rien aux qualités sportives d’un des plus jeunes Suisses à Pyeongchang, qui possède une solide chance de médaille le dimanche 18 février prochain. Le jeune Suisse de Flims qui s’entraîne à Engelberg (OW) a les yeux qui brillent rien qu’à cette perspective, écrit la Südostschweiz, qui brossait justement son portrait mercredi.
Outre le fait que le gymnasien «option sport» Andri Ragettli a réalisé un travail de maturité sur le thème des réseaux sociaux, il dit aussi dans Via que ces derniers «comptent beaucoup» pour lui: «En postant des photos et des vidéos, je rends à mes fans et à mes sponsors un peu de ce qu’ils me donnent, et je me fais un nom.» D’ailleurs, les communautés d’abonnés dédiées à son image de héros moderne ne cessent de s’agrandir au fil des jours, particulièrement à l’approche des Jeux sud-coréens, où beaucoup espèrent le voir entrer dans la lumière.
Les attentes sont d’autant plus grandes que le ski acrobatique est en plein essor dans la génération des millennials. Une première épreuve, celle des bosses, ne fut organisée qu’en 1992 aux JO, suivie deux ans plus tard par le saut. Le cross, lui, est devenu discipline olympique en 2010, tandis que le slopestyle et le halfpipe n’ont complété le programme qu’à Sotchi, en 2014.
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Andri Ragettli en compétition de ski freestyle (discipline «slopestyle»), le 21 janvier dernier à Mammoth, en Californie.