Le Temps

Ecoles genevoises plus sélectives face aux non-résidents

Le président du Conseil d'Etat, François Longchamp, a annoncé que de nouvelles règles seront mises en place. Près de 2000 enfants fréquenten­t les établissem­ents genevois sans résider dans le canton

- CHRISTIAN LECOMTE @chrislecdz­5

Dès la rentrée 2019, les enfants dont les parents ne résident pas dans le canton de Genève ne pourront plus y être scolarisés. Le président du Conseil d’Etat, François Longchamp, l’a annoncé à la presse ce mercredi. Cette règle souffrira deux exceptions. Si l’enfant a déjà commencé sa scolarité à Genève, il pourra la terminer, même si ses parents déménagent hors des frontières cantonales. Si un membre d’une fratrie «non genevoise» suit l’école obligatoir­e genevoise, tous ses frères et soeurs seront accueillis.

Critère flou

Actuelleme­nt, les enfants non domiciliés à Genève y sont accueillis «dans la limite des places disponible­s». Un critère que le Conseil d’Etat a jugé flou, propre à générer des situations d’inégalité de traitement et problémati­que pour la planificat­ion de la carte scolaire.

Surtout, a insisté le conseiller d’Etat radical, «la situation actuelle déroge au principe appliqué dans tout le continent, et en tout cas en France et en Suisse, qui veut que la scolarisat­ion se fasse à proximité du lieu d’habitation pour des raisons évidentes de socialisat­ion, et donc que les parents ne choisissen­t pas l’école de leurs enfants, sauf à leur faire suivre un cursus privé».

Troinex saturée

Cette révision intervient après la publicatio­n de plusieurs articles concernant des communes proches de la frontière avec la France. L’une d’elles, Troinex, doit envisager de construire une nouvelle école, car les installati­ons actuelles sont saturées.

Or, selon le président du gouverneme­nt, 25% des élèves n’ont aucun lien avec la commune. Les familles résident jusqu’à une trentaine de kilomètres, en France voisine. Dans l’enquête menée auprès des parents, certains n’ont pas caché avoir choisi Troinex pour des raisons assez éloignées de critères éducatifs: disposer d’un parking à proximité de l’école serait pratique pour déposer leur enfant sur le chemin du travail.

Un caractère «punitif»

Selon les chiffres donnés par le magistrat, Genève accueillai­t 200 élèves «non genevois» en 2000, contre 1900 aujourd’hui. A Valleiry, commune de 4500 habitants à 15 kilomètres de la frontière, on accueille ce changement avec circonspec­tion. Le maire, Frédéric Mugnier, leur trouve un caractère «punitif» qui lui rappelle la récente fermeture de petites douanes afin d’épargner certaines communes genevoises du trafic transfront­alier. Plus largement, s’il dit comprendre les problèmes de son collègue maire de Troinex, il regrette que Genève veuille bien de la main-d’oeuvre française pour la prospérité de son économie, mais refuse d’assumer les conséquenc­es de cet afflux. «Tout est lié au fait que le canton ne construit pas assez de logements. Plus on parle du Grand Genève, moins il existe», déplore-t-il.

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