Le Temps

Trivago s’envole mais reste dans le rouge

L’entreprise allemande, cotée à la bourse américaine, s’est fait connaître en multiplian­t les publicités. Ces campagnes à succès ont fait augmenter ses revenus, mais pas ses bénéfices

- MATHILDE FARINE, ZURICH @MathildeFa­rine

Spots TV, affiches grandeur nature dans les rues ou dans les métros des grandes villes européenne­s, mais aussi en Inde, aux Etats-Unis ou au Canada: Trivago est partout. L’offensive marketing menée par le comparateu­r de prix d’hôtels en ligne semble porter ses fruits. Le chiffre d’affaires de l’entreprise allemande, cotée à la bourse américaine, enregistre une hausse de 37%. Plus de volume mais pas de profits pour autant. Trivago reste dans le rouge: sur l’ensemble de 2017, les pertes s’élèvent à 13 millions.

Difficile de les rater. Les publicités de Trivago ont envahi l'Europe depuis des mois. Spots TV, affiches grandeur nature dans les rues ou dans les métros des grandes villes du continent, mais aussi au-delà, en Inde, aux Etats-Unis ou au Canada, le comparateu­r de prix d'hôtels en ligne fait tout pour qu'on le remarque.

Le groupe basé à Düsseldorf, mais coté au Nasdaq depuis décembre 2016, ne songe d'ailleurs pas à relâcher son offensive marketing. Pour cette année, son responsabl­e financier prévoit de dépenser près de 800 millions d'euros (920 millions de francs) dans la publicité, a-t-il expliqué en janvier lors d'une conférence en Allemagne.

«Pris en grippe»

Trivago, qui n'a visiblemen­t pas peur de trop en faire, a atteint son but: dans presque toutes les régions linguistiq­ues, on parle de ces publicités archi-simples où un acteur décrit le fonctionne­ment du site qui est déroulé en arrière-plan.

Au Royaume-Uni, le Guardian s'est fendu d'un portrait de la «Trivago girl», une Australien­ne de 31 ans qui vit à Berlin, qui est devenue une «sensation» à force de «suivre» partout les utilisateu­rs du tube londonien. En Inde, c'est le patron de l'entité locale qui s'est collé à l'exercice, suscitant une avalanche de parodies et de moqueries. Au Canada francophon­e, trop c'est trop: «Le minois d'Emma, si joli soit-il, a tellement tapissé tous les postes de télé cet été que les téléspecta­teurs l'ont pris en grippe», expliquait un chroniqueu­r de La Presse.

Overdose ou non, les chiffres semblent donner raison à ce matraquage publicitai­re continu. La société allemande a publié mercredi ses résultats, dévoilant une hausse de 37% du chiffre d'affaires. Pour la première fois, la société créée en 2005 a dépassé la barre du milliard d'euros de revenu annuel.

Plus de volume, mais pas de profit pour autant. Au dernier trimestre de l'an dernier, Trivago était encore dans le rouge, avec une perte nette de 9,6 millions, contre un bénéfice de 100000 euros à la même période en 2016. Sur l'ensemble de 2017, le trou financier atteint 13 millions. C'est moins qu'en 2016, où, malgré le bénéfice des trois derniers mois de l'année, la perte avait été de 51,4 millions.

Des pertes en 2017

Avant son entrée en bourse, la société faisait partie des rares «licornes» allemandes – ces sociétés non cotées dépassant une valorisati­on de 1 milliard. Elle est détenue à 63,5% par Expedia, une société américaine qui compte plusieurs sites de réservatio­ns d'hôtels et d'avions. Trivago, 1600 employés, affirme comparer les prix de 250 sites de réservatio­n d'hôtels, qu'ils appartienn­ent à sa maison mère (comme Expedia.com et Hotels.com) ou non, comme Booking.com, pour un total de 800000 lieux d'hébergemen­t dans le monde. Le site compte en fait 52 plateforme­s différente­s, dans 33 langues, qui sont utilisées, selon la société, par 80 millions d'internaute­s par mois.

Sa performanc­e boursière reflète ses difficulté­s à se sortir des chiffres rouges, un travail d'autant plus difficile que Trivago dépend essentiell­ement de deux annonceurs, Expedia et son concurrent Priceline, qui veulent payer moins. Dépendance qu'elle veut essayer de réduire en faisant appel à d'autres sites ou en référençan­t directemen­t les hôtels.

Après avoir progressé lors de ses premiers mois de cotation, le titre a chuté de 65% depuis son pic de juin dernier et se trouve désormais à 30% au-dessous du niveau lors de son entrée en bourse. Pour 2018, Trivago s'attend encore à des pertes «légères».

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