Le Temps

Les marchés changent, les caisses de pension non

- EMMANUEL GARESSUS, ZURICH @garessus

L’an dernier, la couverture des risques était gratuite, ou presque. Avec des marchés plus volatils, la gestion asymétriqu­e, qui promet de brider les pertes et de participer à la tendance, pourrait devenir à la mode. En 2017, la Banque Bonhôte présente un rendement de 10,8% sur un fonds balancé avec ce type de gestion

Les caisses de pension ont largement profité de l’évolution haussière des actions l’an dernier simplement en restant investies, observe Olivier Christe, coresponsa­ble de la clientèle institutio­nnelle auprès de la Banque Bonhôte. Leur performanc­e s’élève à 8%, selon l’indice Credit Suisse (8,7% selon l’indice LPP 40-2000). En 2017, la protection des portefeuil­les était très bon marché (par exemple les options put), mais cette situation a radicaleme­nt changé dès fin janvier.

Le grand retour de la volatilité et des craintes sur les marchés, en ce début 2018, pourrait inciter les institutio­ns à sortir de leurs habitudes et à adopter des mesures de prévention des risques, selon le gérant. La Banque Bonhôte propose donc aux institutio­ns de sortir de leurs habitudes en matière de structure des placements en diversifia­nt les styles de gestion par l’ajout d’une solution orientée sur les risques. Elle propose une stratégie de prévention, ou, en termes plus techniques, une gestion asymétriqu­e des risques. Cette dernière promet de brider les pertes tout en participan­t pleinement à la hausse des marchés.

Après trois ans de mise en oeuvre, la banque gère 250 à 300 millions de francs selon cette approche. En 2017, ce type de prévention n’a pas pénalisé la performanc­e puisque le rendement s’est élevé à 10,84% pour un risque de perte limité à 10%, explique le gérant. Les portefeuil­les ont en effet pu conserver l’exposition maximale en actions (50%) puisque le niveau de risque était très bas.

Une protection constante du portefeuil­le

Malgré les résultats de la gestion asymétriqu­e des risques, les caisses de pension diversifie­nt très lentement leur approche, préférant suivre un indice de référence statique. Pourtant, en cas de changement brutal de tendance et de hausse de la volatilité, une gestion passive de l’allocation peut s’avérer très risquée et entamer largement tout ou partie des réserves de fluctuatio­ns.

«La gestion systématiq­ue orientée sur le risque intéresse de plus en plus les caisses de pension, car elle offre une protection constante du portefeuil­le, sans que cette dernière soit utilisée en tout temps», révèle Olivier Christe. Mais entre le signalemen­t d’un intérêt et l’investisse­ment, il y a un pas. Avec la gestion asymétriqu­e, l’allocation varie en fonction du risque de perte à court terme entre 0 et 50% pour les actions (max. OPP2) et 0 et 100% pour les obligation­s et le cash. Elle est mise en oeuvre à l’aide de produits indiciels (ETF) plutôt que d’options.

En janvier, la performanc­e de la gestion asymétriqu­e de Bonhôte a été positive de 2%, avec une part de 50% en actions. Elle a également profité d’une couverture systématiq­ue du risque de change. Début février et face à la forte hausse du stress dans les marchés, on a assisté à un repli partiel dans le cash (+42%) au détriment des obligation­s (en baisse à 22%) et des actions réduites à 36%. ▅

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