Le Temps

Dario Cologna, la revanche d’un acharné

- L. Pt

En ramenant à la délégation suisse une première médaille d’or, le Grison de 31 ans a définitive­ment pris sa revanche sur ceux qui pensaient qu’il ne saurait pas se relever de plusieurs saisons difficiles

Il y a derrière bien des grandes victoires des affaires de revanche. Celle de Dario Cologna, vendredi, n'échappe pas à la règle. Au premier dimanche des Jeux olympiques, il nourrissai­t les plus grandes ambitions pour le skiathlon (15 kilomètres en style classique suivis de 15 kilomètres en style libre) dont il était le champion en titre. Il est longtemps resté dans le groupe de tête. Il a même mené le bal par instants. Mais il n'a pas pu résister à la démonstrat­ion des Norvégiens qui ont ce jour-là réalisé un triplé. «Je suis déçu de moi-même, crachait-il à l'interview à chaud. A la fin, j'étais fatigué. Je n'étais pas assez fort pour suivre le rythme.» Cinq jours plus tard, le skieur de fond grison n'a pas manqué l'occasion de se racheter lors du 15 kilomètres en style libre.

«Ce n’est pas trop mal»

Cette épreuve, c'est la sienne depuis maintenant huit ans. Il l'a gagnée à Vancouver en 2010, puis à Sotchi en 2014 et désormais à Pyeongchan­g. «Gagner cette course lors de trois éditions des Jeux consécutiv­es, ce n'est pas trop mal», lâchait-il, ajoutant aussitôt la médaille d'or de l'euphémisme à son palmarès. «Ce que cela représente? Beaucoup de dur labeur toutes ces années, c'est ce que je retiens. Mes deux dernières saisons n'ont pas été faciles, mais j'ai vraiment voulu faire le nécessaire pour revenir au sommet. Ça fait du bien d'y être parvenu.»

Sa revanche, il l'a aussi prise sur ceux qui, trop tôt, le pensaient fini. Après les Jeux olympiques de Sotchi, où il a remporté deux médailles d'or, Dario Cologna a connu une longue traversée du désert, rythmée par les ennuis physiques plutôt que par les bons résultats. Il n'avait plus remporté la moindre épreuve depuis trois ans quand, le 31 décembre 2017, il s'est imposé sur le 15 kilomètres en style classique du Tour de Ski, à Lenzerheid­e. Le lendemain, il récidivait lors de la poursuite. Le 7 janvier, il enlevait le classement général de l'épreuve. Plus personne ne pouvait l'ignorer: à 31 ans, le Grison était de retour. Il l'a confirmé lors de sa deuxième épreuve sur la neige d'Alpensia, au coeur des Jeux olympiques de Pyeongchan­g. «C'était une journée parfaite, a-t-il raconté plus tard. J'ai commencé très vite dès le départ et les sensations étaient au rendez-vous. J'ai entendu que les temps d'écart se creusaient. Quand j'ai franchi la barre des vingt secondes d'avance, j'ai compris que ça allait être suffisant pour gagner aujourd'hui.»

Au firmament du sport suisse

Considéré comme l'un des meilleurs skieurs de fond de tous les temps, Dario Cologna profite de cette quatrième médaille d'or olympique pour graver son nom un peu plus profondéme­nt dans les annales du sport suisse. Le voilà, en matière de sport d'hiver, à égalité avec Simon Ammann, qui détenait seul le record en la matière jusque-là. Ce qui ne le laisse pas insensible. «Super Dario» l'a dit dans le plus pur style Cologna. Sans hausser le ton, sans utiliser plus de mots qu'il n'en faut.

Emotions irrépressi­bles

Mais lors de sa réception officielle, à la Maison suisse, l'impassible athlète du Val Müstair n'a pour une fois pas cherché à cacher ses émotions. «Ecrire une petite page d'histoire, cela fait plaisir, souriait-il. Je sais que les attentes à mon égard étaient importante­s. J'avais beaucoup de pression et je suis content que cela se termine ainsi, que je puisse ramener une médaille à la délégation suisse. Rares sont ceux qui me voyaient gagner cette année…»

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