Le cancer favorisé par l’abus de plats industriels
Une étude française financée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) met en garde les consommateurs, en avançant des chiffres. «Il ne faut pas pour autant dramatiser», conseille un médecin
Ceux qui abusent des plats industriels augmentent leur risque d’être atteint d’un cancer, selon une étude menée auprès de 105000 personnes en France. La corrélation est établie mais «le lien de cause à effet reste à démontrer», a précisé jeudi l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), qui a financé l’étude avec d’autres institutions publiques françaises.
Une brioche industrielle, une pizza surgelée, une salade composée… De 2009 à 2017, les participants à l’étude NutriNet-Santé ont périodiquement rempli des questionnaires en ligne sur ce qu’ils mangeaient. Les chercheurs, qui publient leur étude dans la revue
BMJ (British Medical Journal), se sont intéressés à ce qu’ils appellent les «aliments ultra-transformés».
D’après eux, ces préparations «contiennent souvent des quantités plus élevées en lipides, lipides saturés, sucres et sels ajoutés, ainsi qu’une plus faible densité en fibres et vitamines». Elles concernent pains, sucreries, desserts, céréales, boissons sucrées, viandes transformées (boulettes, nuggets, jambon avec additifs…), pâtes et soupes instantanées, plats surgelés ou en barquette, etc.
Les produits «les moins pires»
A quel point ces produits qui peuplent nos supermarchés et garde-mangers sont-ils dangereux? «Une augmentation de 10% de la proportion d’aliments ultra-transformés dans le régime alimentaire s’est révélée être associée à une augmentation de plus de 10% des risques de développer un cancer […] et un cancer du sein en particulier», résume l’Inserm.
Pour le cancer, ce risque est accru de 6 à 18%, et pour le cancer du sein spécifiquement de 2 à 22%. Les «graisses et sauces ultra-transformées et les produits et boissons sucrées» étaient en cause globalement, et pour le cancer du sein les chercheurs accusaient «les produits sucrés ultra-transformés».
«L’avantage de cette étude, qui a des limites et qui ne prétend pas à l’exhaustivité, c’est de donner des chiffres», a commenté le médecin nutritionniste Laurent Chevallier (Centre hospitalier universitaire de Montpellier, dans le sud de la France). Lui qui publiera fin février le livre L’indulgence dans l’assiette chez Fayard refuse de jeter l’anathème sur toute l’alimentation industrielle. Son livre conseille «les produits «les moins pires», y compris parmi les frites, les mayonnaises ou les conserves de cassoulet.
«Aujourd’hui, on ne doit pas être dans le déni, et faire croire que tout le monde va faire mijoter son pot-au-feu. On passe moins de temps en cuisine, et il faut des conseils qui correspondent aux modes de vie des parents qui travaillent ou des adolescents qui se posent des questions», explique-t-il.