LA MAISON DES ÉCRIVAINS OUBLIÉS
François Berger publie les «Aphorismes» d’Oscar-Louis Forel
Rares sont les écrivains qui traversent le temps. L’oubli est le lot le plus commun. Parfois ce sort est injuste. François Berger, romancier (cinq titres dont Les
Pavillons de Salomon, L’Age d’homme) et avocat, entend rendre justice à ces oubliés. Dans ce but, il a créé les Editions Soleil d’encre à Neuchâtel, une maison dédiée à la réédition d’ouvrages (poésie, roman, essai) d’auteurs suisses ou étrangers qui méritent, selon l’éditeur, de sortir du purgatoire et d’être redécouverts.
BILLETS DE 1000
Premier titre à quitter ainsi les oubliettes, Les Aphorismes d’Oscar-Louis Forel. Oscar-Louis Forel (1891 à Zurich-1982 à Saint-Prex) était le fils du psychiatre morgien Auguste Forel, le barbu qui ornait les billets de 1000 francs jusqu’en 2000. Psychiatre également, Oscar-Louis Forel était un disciple de Freud. En 1930, il fonde la clinique Rives à Prangins où il recevra Zelda, l’épouse de Francis Scott Fitzgerald et posera le premier le diagnostic de schizophrénie à ses troubles mentaux. OscarLouis Forel a d’ailleurs inspiré un personnage de médecin dans
Tendre est la nuit, le roman où Fitzgerald relate la descente aux enfers de Zelda.
CONFIDENTIELS
A la fin de sa vie, le psychiatre s’est passionné pour les écorces et a réalisé des séries de macrophotographies qui ont suscité un grand succès public dont il s’amuse dans le Plan fixe qui lui a été consacré en 1980. Ses Aphorismes, publiés une première fois à Paris en 1937, sont restés confidentiels. Politique, amour, art, «amertumes», la vie défile, cintrée en quelques phrases. En 2019, François Berger prévoit de rééditer Carl Spitteler, seul Prix Nobel suisse (en 1919) et grand oublié.