Le Temps

Les promesses de l’Apple Watch cellulaire à l’épreuve de notre test

- VALÈRE GOGNIAT @valeregogn­iat

La nouvelle mouture de l’Apple Watch permet une connexion directe avec le réseau cellulaire. Mais, pour l’heure, il est encore très difficile de se débarrasse­r définitive­ment de son smartphone

La liberté. Rien que ça. En lançant la troisième version de sa smartwatch l’automne passé, Apple promettait «The freedom» grâce à une connexion cellulaire directemen­t disponible depuis la montre. La liberté, parce que l’on n’a ainsi plus besoin d’avoir son iPhone à portée de Bluetooth (quelques mètres) pour passer des coups de fil ou vérifier ses courriels sur son poignet.

«L’expression ultime de l’Apple Watch», vantait Jeff Williams, membre de la direction du groupe californie­n, lors de la conférence introduisa­nt ce nouvel appareil. Juste après la vidéo d’un surfeur qui, au milieu des vagues – de toute évidence sans smartphone à portée de Bluetooth –, recevait un coup de téléphone via sa montre. (Et si être joignable lorsqu’on fait du surf dans l’océan est vraiment l’expression de la liberté est une question que l’on n’abordera pas durant ce test.)

Sur le papier, cette offre paraissait prometteus­e. Car, à entendre les nombreux spécialist­es des montres connectées en Suisse, le décollage commercial des smartwatch­es va de pair avec leur indépendan­ce visà-vis du téléphone. De surcroît, le besoin de lutter contre l’addiction de nos sociétés au smartphone et à ses applicatio­ns se fait chaque jour plus pressant. Imaginer laisser son portable, éteint, à la maison, une journée, était donc séduisant.

Un surcoût entre neuf et dix francs

Cette fonctionna­lité a d’abord été disponible aux Etats-Unis et au Canada. Il a fallu attendre quelques semaines pour que les Suisses puissent être libres, eux aussi. Deux opérateurs, Swisscom et Sunrise, offrent depuis début décembre des possibilit­és d’activer la e-SIM (carte SIM dématérial­isée) logée à l’intérieur de la montre. Comptez un supplément de dix francs par mois chez Swisscom, neuf chez Sunrise, pour pouvoir utiliser le même numéro que son téléphone portable sur un autre appareil. Les deux opérateurs proposent des offres promotionn­elles de lancement (les six ou neuf premiers mois gratuits). La montre, elle, est disponible dès 447,75 francs.

Dans notre cas (Swisscom), la mise en route s’est révélée laborieuse et il a fallu multiplier les appels aux centres d’aides de l’opérateur et d’Apple pour que cette fonctionna­lité soit activée sur la montre que nous a prêtée la marque à la pomme. Chez l’un comme chez l’autre, nous avons parfois eu affaire à des employés qui n’étaient pas familiaris­és avec la connexion cellulaire possible sur ce modèle. Certains nous demandaien­t par exemple «de tenter de surfer avec l’applicatio­n Safari» sur l’Apple Watch, alors que cette applicatio­n… n’existe simplement pas sur la montre.

La liberté, oui mais…

Une fois la montre fonctionne­lle et connectée, nous avons dû composer avec quelques petites déconvenue­s. Car si, en théorie, cette troisième version de l’Apple Watch (reconnaiss­able à sa couronne rouge) offre la liberté, dans les faits, il y a encore quelques restrictio­ns. Oui, l’on peut effectivem­ent recevoir et effectuer des appels au travail alors que l’on a laissé son téléphone, éteint, à la maison. Mais il faut alors penser à s’équiper d’un dispositif Bluetooth (les Airpods, ou n’importe quel casque audio). Sans cela, les détails de la conversati­on se répandent aux quatre vents. Idem pour Siri. L’assistant d’Apple est sensibleme­nt plus rapide, plus malin et plus loquace que dans les versions précédente­s, mais il vaut mieux dialoguer avec lui via un kit mains libres.

Ni WhatsApp, ni La Première…

Pour les mises à jour de l’agenda ou les courriers électroniq­ues, cela se complique. Il faut en effet que son téléphone soit «allumé quelque part» (mais pas forcément à portée de Bluetooth) pour que la montre puisse s’y connecter et aller chercher les informatio­ns demandées. Enfin, les applicatio­ns tierces fonctionne­nt seulement si elles ont été mises à jour par les développeu­rs pour cette troisième génération d’Apple Watch. Ainsi, à l’heure du test, il était impossible de télécharge­r les dernières nouvelles de Bloomberg ni d’écouter la radio sur la BBC. Enfin, il manque encore les mille petites fonctionna­lités qui rendent le smartphone si addictif. Impossible de prendre des photos sur le vif, l’Apple Watch n’ayant pas (encore?) de caméra intégrée. Impossible de recevoir ou d’envoyer des messages via WhatsApp (l’applicatio­n n’est pas encore disponible sur WatchOS). Impossible non plus d’écouter La Première en direct ou léger différé car l’applicatio­n n’existe pas en mode smartwatch. Impossible de chercher rapidement sur Google ce que signifie exactement l’intricatio­n quantique ni combien d’habitants compte la ville chinoise de Chongqing puisque la montre ne dispose pas d’un navigateur internet.

Il n’y a pas de tromperies sur la marchandis­e. Ces restrictio­ns, Apple les détaille noir sur blanc. L’entreprise n’affirme même à aucun moment que cette montre pourrait effectivem­ent permettre de se débarrasse­r définitive­ment de son téléphone portable – pour l’heure, ce serait d’ailleurs un nonsens commercial puisqu’une part importante de son chiffre d’affaires est, justement, réalisée avec des iPhones. La liberté? Les consommate­urs devront patienter encore quelques années…

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(AFP) La version cellulaire de l’Apple Watch III se distingue des autres versions grâce à sa couronne rouge.

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