Le lynchage de Tariq Ramadan
DANIEL FORTIS, CONCHES
Sur les plateaux de télévision, Tariq Ramadan brillait par son aisance, son éloquence et sa rhétorique. Ses prises de position, quelquefois ambiguës et dérangeantes, lui ont valu de ne plus être invité. Cela n’a pas suffi. La justice française a décidé de lui porter le coup fatal. Sa mise en examen a débouché sur une incarcération aux prétextes fallacieux de risques de fuite et de pression. Les deux plaintes pour viol proviennent de personnes dont les convictions sont pour le moins fluctuantes. L’une, qui reste anonyme, s’est convertie à l’islam. L’autre, après avoir été salafiste, a rejoint le mouvement féministe tout en correspondant avec son violeur après les faits. Sans mettre en doute ces témoignages, une certaine prudence aurait dû prévaloir. D’autant plus que les nombreux appels à la dénonciation n’ont pas permis d’obtenir d’autres plaintes. En Suisse, la presse a relayé les témoignages anonymes de quatre étudiantes qui disent avoir été victimes, il y a trente ans, de l’intellectuel musulman. Elles l’accusent d’avoir exercé sur elles une telle emprise que leur consentement n’était pas «consenti». Etrange concept. Il est difficile de ne pas voir dans le lynchage de Tariq Ramadan une occasion pour ses adversaires de l’anéantir définitivement. Dans ce climat délétère, il faut reconnaître le courage de Me Marc Bonnant pour que la justice soit respectée.
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