Le Temps

«Il faut moins d’hôpitaux, mais des sites plus spécialisé­s»

- FELIX SCHNEUWLY EXPERT CHEZ COMPARIS.CH PROPOS RECUEILLIS PAR M. G.

«Celui qui veut maintenir des emplois prend le risque d’une médecine moins efficiente et de moins bonne qualité»

Selon le spécialist­e du comparateu­r de primes, le patient optera à l’avenir pour la qualité des soins plutôt que pour la proximité de l’hôpital

Les cantons de Fribourg et Neuchâtel ne maîtrisent plus les coûts de leurs hôpitaux. Les Romands ont-ils plus de problèmes que les Alémanique­s? En moyenne, les Romands consomment davantage de soins que les Alémanique­s, raison pour laquelle ils paient des primes plus élevées. Concernant les hôpitaux, on constate souvent les mêmes erreurs des deux côtés de la Sarine. Beaucoup de citoyens pensent que plus ils ont d'hôpitaux, mieux ils s'en portent. Cela n'est hélas pas vrai. Les hôpitaux universita­ires ont peu de soucis à se faire, car ils sont «to big to fail». Pour le reste, il faudra moins d'hôpitaux, mais des sites plus spécialisé­s pouvant offrir des soins de qualité.

Le peuple neuchâtelo­is a voté pour deux hôpitaux, l’un à Neuchâtel et l’autre à La Chaux-de-Fonds. Le souverain a-t-il toujours raison en matière de politique de santé? Le peuple est face à un conflit d'intérêts. D'un côté, il se réjouit que l'hôpital soit une source d'emplois et de recettes fiscales. De l'autre, il doit en assumer les coûts tout en assurant la qualité des soins. Celui qui veut maintenir des emplois prend le risque d'une médecine moins efficiente et de moins bonne qualité.

La gouvernanc­e des hôpitaux n’est-elle pas trop politisée? Comme de plus en plus d'opérations se font en ambulatoir­e, il faut réduire le nombre de lits dans les hôpitaux de soins aigus. En revanche, la demande croît dans les soins de longue durée. En règle générale, la politique est trop lente pour s'adapter aux changement­s technologi­ques très rapides, de même qu'aux nouveaux comporteme­nts des patients. C'est pourquoi il faut laisser plus d'autonomie aux hôpitaux. L'Etat doit contrôler les coûts et la qualité, mais il ne doit pas jouer le rôle d'entreprene­ur. Nous connaisson­s les coûts de la santé au centime près, mais nous avons encore peu de données sur la qualité des soins. Lorsque le patient disposera de plus de transparen­ce sur ce point, il n'ira plus dans l'hôpital le plus proche, mais dans le meilleur.

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