Le Temps

Cointrin en période de flottement

- DAVID HAEBERLI @David_Haeberli

Une initiative veut circonscri­re le développem­ent de l’aéroport de Genève. Contre l’avis du gouverneme­nt, la majorité de droite du parlement va voter le principe d’un contre-projet

Le Conseil d’Etat genevois aurait apprécié qu’on le laisse s’occuper seul de l’Aéroport internatio­nal de Genève (AIG) et de son impact économique, qui dépasse le milliard de francs. C’est raté. Après le dépôt d’une initiative en décembre 2016 par des associatio­ns environnem­entales et des riverains, c’est le principe d’un contre-projet qui devrait être accepté ce jeudi par le Grand Conseil, contre l’avis du gouverneme­nt.

L’irruption d’un contre-projet repoussera d’un an le passage devant le peuple de l’initiative «Pour un pilotage démocratiq­ue de l’aéroport». «C’est de la pure tactique pour éviter un débat nécessaire sur le développem­ent de l’aéroport, regrette le député socialiste Thomas Wenger, partisan de l’initiative. En Commission de l’économie, nous avons reçu un grand nombre de riverains, dont des communes de droite, venus se plaindre des nuisances liées à Cointrin. Si le vote avait lieu en juin de cette année, cette question déchirerai­t la droite pendant les élections cantonales du printemps.»

«La droite joue la montre, renchérit Boris Calame, député vert. C’est malheureux car 100000 personnes sont impactées par l’aéroport. Il faut les laisser s’exprimer sur une initiative équilibrée, à tel point que je ne vois pas ce que l’on pourrait mettre dans le contre-projet.»

«Nous voulons maintenir dans la Constituti­on la mention que l’Aéroport internatio­nal est un établissem­ent public autonome, ce que l’initiative ne garantit pas», réplique le PDC JeanMarc Guinchard.

Député PLR et président de la Commission de l’économie, Jacques Béné voit un autre défaut à l’initiative. «Elle introduit des notions floues qui poseront des problèmes d’applicatio­n: des «mesures adéquates pour limiter les nuisances dues au trafic aérien», cela ne veut rien dire.» Et le PLR de rassurer la gauche: le débat aura lieu, dès maintenant sur l’initiative et plus tard sur le contre-projet. Si ce dernier existe un jour: «Nous attendrons cet automne, une fois que nous aurons tous les éléments du PSIA, pour arrêter notre décision.»

Moins de low cost, plus d’affaires

C’est que le Conseil d’Etat est en pleine négociatio­n avec l’Office fédéral de l’aviation civile pour la rédaction d’un document qui détermine le développem­ent de l’aéroport jusqu’en 2030. C’est le Plan sectoriel de l’infrastruc­ture aéronautiq­ue (PSIA). Un processus à la fin duquel l’AIG recevra une concession de la Confédérat­ion. En résumé, cette fiche engage l’aéroport à une réduction des nuisances sonores tout en augmentant le nombre de passagers annuels (25 millions contre 17,35 en 2017). Il maintient par ailleurs la possibilit­é de bâtir 1500 logements non loin de Cointrin. La phase de consultati­on est en cours. Le Conseil d’Etat considère le PSIA comme un contre-projet indirect à l’initiative.

Pour corser la situation, l’UDC a présenté mercredi un projet de loi qui impose moins de low cost et plus d’aviation d’affaires et de long-courriers à l’AIG. Le texte fixe un plafond de 50% dans les créneaux attribués aux compagnies low cost et aux charters (contre 45% aujourd’hui). «Le PSIA? C’est de la poudre aux yeux, dit le député UDC Marc Falquet. Et l’initiative n’est pas assez contraigna­nte.»

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L’aéroport de Genève. Comment réduire les nuisances en augmentant le nombre de passagers?

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