Cointrin en période de flottement
Une initiative veut circonscrire le développement de l’aéroport de Genève. Contre l’avis du gouvernement, la majorité de droite du parlement va voter le principe d’un contre-projet
Le Conseil d’Etat genevois aurait apprécié qu’on le laisse s’occuper seul de l’Aéroport international de Genève (AIG) et de son impact économique, qui dépasse le milliard de francs. C’est raté. Après le dépôt d’une initiative en décembre 2016 par des associations environnementales et des riverains, c’est le principe d’un contre-projet qui devrait être accepté ce jeudi par le Grand Conseil, contre l’avis du gouvernement.
L’irruption d’un contre-projet repoussera d’un an le passage devant le peuple de l’initiative «Pour un pilotage démocratique de l’aéroport». «C’est de la pure tactique pour éviter un débat nécessaire sur le développement de l’aéroport, regrette le député socialiste Thomas Wenger, partisan de l’initiative. En Commission de l’économie, nous avons reçu un grand nombre de riverains, dont des communes de droite, venus se plaindre des nuisances liées à Cointrin. Si le vote avait lieu en juin de cette année, cette question déchirerait la droite pendant les élections cantonales du printemps.»
«La droite joue la montre, renchérit Boris Calame, député vert. C’est malheureux car 100000 personnes sont impactées par l’aéroport. Il faut les laisser s’exprimer sur une initiative équilibrée, à tel point que je ne vois pas ce que l’on pourrait mettre dans le contre-projet.»
«Nous voulons maintenir dans la Constitution la mention que l’Aéroport international est un établissement public autonome, ce que l’initiative ne garantit pas», réplique le PDC JeanMarc Guinchard.
Député PLR et président de la Commission de l’économie, Jacques Béné voit un autre défaut à l’initiative. «Elle introduit des notions floues qui poseront des problèmes d’application: des «mesures adéquates pour limiter les nuisances dues au trafic aérien», cela ne veut rien dire.» Et le PLR de rassurer la gauche: le débat aura lieu, dès maintenant sur l’initiative et plus tard sur le contre-projet. Si ce dernier existe un jour: «Nous attendrons cet automne, une fois que nous aurons tous les éléments du PSIA, pour arrêter notre décision.»
Moins de low cost, plus d’affaires
C’est que le Conseil d’Etat est en pleine négociation avec l’Office fédéral de l’aviation civile pour la rédaction d’un document qui détermine le développement de l’aéroport jusqu’en 2030. C’est le Plan sectoriel de l’infrastructure aéronautique (PSIA). Un processus à la fin duquel l’AIG recevra une concession de la Confédération. En résumé, cette fiche engage l’aéroport à une réduction des nuisances sonores tout en augmentant le nombre de passagers annuels (25 millions contre 17,35 en 2017). Il maintient par ailleurs la possibilité de bâtir 1500 logements non loin de Cointrin. La phase de consultation est en cours. Le Conseil d’Etat considère le PSIA comme un contre-projet indirect à l’initiative.
Pour corser la situation, l’UDC a présenté mercredi un projet de loi qui impose moins de low cost et plus d’aviation d’affaires et de long-courriers à l’AIG. Le texte fixe un plafond de 50% dans les créneaux attribués aux compagnies low cost et aux charters (contre 45% aujourd’hui). «Le PSIA? C’est de la poudre aux yeux, dit le député UDC Marc Falquet. Et l’initiative n’est pas assez contraignante.»
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