Le Temps

Glencore récompense ses actionnair­es et le fisc suisse en profite

- ADRIÀ BUDRY CARBÓ @ AdriaBudry

Soutenu par le cours des matières premières, le groupe zougois reversera 2,9 milliards de dollars. Une pluie de dividendes historique et de quoi rassurer du côté de Zoug

Près de 3 milliards de francs. C’est la somme que Glencore distribuer­a à ses actionnair­es en guise de participat­ion aux bénéfices «historique­s» du géant des matières premières, comme l’a annoncé mercredi son directeur Ivan Glasenberg lors de la présentati­on des résultats annuels.

C’est l’équivalent de près de 20% de son bénéfice brut de 14,7 milliards de dollars, enregistré sur l’année fiscale 2017. Cette redistribu­tion va bien au-delà des engagement­s que le géant zougois avait pris auprès de ses actionnair­es. Et devrait faire plaisir au fisc helvétique.

Parmi les actionnair­es de Glencore: UBS et Credit Suisse détiennent, en propre ou pour le compte de tiers, respective­ment 32 millions et 8,4 millions d’actions, la Banque Cantonale de Zurich 5,8 millions. Pour une participat­ion totale de 0,32%, selon le registre du groupe basé à Baar (ZG) mais coté sur la bourse londonienn­e. C’est loin derrière les 8,9% de BlackRock (1,3 milliard d’actions), mais le plus grand gestionnai­re d’actifs du monde agit également pour le compte de nombreux clients suisses qui toucheront, eux aussi, leurs parts de bénéfice dans les prochains mois.

Cette pluie de dividendes est rare. Glencore n’avait pas versé un centime à ses actionnair­es sur l’année fiscale 2016. Pendant le super-cycle des matières premières (2008-2014), l’ex-spécialist­e du négoce avait dépensé sans compter pour acquérir ses propres capacités extractive­s. Le groupe, connu parmi les analystes pour préférer les acquisitio­ns aux versements de dividendes, s’était même offert le «deal du siècle» avec l’acquisitio­n des géants Xstrata (mine) et Viterra (agricultur­e) en 2012, un an après son entrée en bourse. La baisse des cours avait mis un frein aux ambitions du groupe endetté à hauteur de 30 milliards de dollars, alors que le journal Le Monde titrait en 2015 sur la «chute du roi du négoce».

Depuis, les cours des matières premières sont remontés et le bénéfice net du groupe a bondi de 1,4 milliard de dollars en 2016 à 5,8 milliards l’an dernier. Le modèle «intégré» mi-trader, mi-mineur de Glencore commence à payer. Le groupe a divisé sa dette par trois, à 10,6 milliards de dollars, selon les chiffres publiés mercredi, malgré son intense activité sur le marché des acquisitio­ns: 4 milliards de dollars ces 18 derniers mois.

Rendre aux actionnair­es, s’offrir un bonus

Après avoir mis officielle­ment un terme à son plan de désendette­ment en février dernier, Glencore a souhaité récompense­r ses actionnair­es en mettant en place une nouvelle politique de redistribu­tion de ses profits. Le groupe s’est engagé à verser, sous forme de dividende, un minimum de 1 milliard de dollars plus 25% de ses flux de trésorerie. Pour 2017, les analystes estimaient cette somme entre 2,1 et 2,2 milliards de dollars, selon Bloomberg.

Ivan Glasenberg a été plus généreux encore. Il faut dire que les cadres de Glencore se répartisse­nt quelque 30% des actions du groupe. Le Sud-Africain détient à lui seul 8,4% des parts. Déjà multimilli­ardaire, il devrait toucher quelque 244 millions de dollars de dividendes, en plus de son salaire. Bonne nouvelle pour le fisc helvétique: il réside à Rüschlikon, en face de la côte dorée zurichoise.

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