Le Temps

Le Menuhin Festival de Gstaad sur une note alpine

- SYLVIE BONIER @SylvieBoni­er Gstaad Menuhin Festival, du ve 13 juillet au sa 1er septembre. Rens. +41 (0) 33 748 81 82, www.gstaadmenu­hinfestiva­l.ch

La 62e édition estivale, placée sous le signe des montagnes suisses, crapahute entre fidélités, nouveautés et jeunesse. Présentati­on commentée par le directeur, Christoph Müller

Ce n’est pas parce que les cimes environnan­tes font partie du paysage qu’il faut les oublier. Voilà une évidence que Christoph Müller, responsabl­e depuis 2002 du célèbre festival Menuhin de Gstaad, a choisi de replacer au centre du village. Les Alpes, voilà la thématique de la 62e édition. Une idée trop simple?

«Pour moi, pas du tout. Cette thématique s’est imposée quand j’ai remarqué qu’elle n’avait jamais été utilisée à Gstaad. Ce qui prouve que la simplicité n’est pas si simple… Nous avons donc imaginé une programmat­ion autour de cette phénoménal­e force de la nature que représente­nt les montagnes, et l’influence qu’elles ont exercée sur les compositeu­rs du XIXe siècle», précise le directeur du festival. Comment donc?

«Il s’agissait de montrer pourquoi et comment les grands romantique­s ont développé une relation aussi forte avec les Alpes suisses. Brahms, par exemple, a séjourné deux étés à Thoune. Nous avons programmé l’intégrale des oeuvres qu’il a créées là-bas, soit un ensemble de 12 pièces réparties sur cinq concerts. La Symphonie alpestre de Strauss ou la Symphonie Manfred de Tchaïkovsk­i, d’après le drame de Lord Byron qui se déroule au coeur de la Jungfrau, se sont aussi imposées.» La musique de chambre n’échappe pas au sujet: un cycle consacré à l’influence du folklore alpin sur les Lieder de Schubert a aussi été conçu.

Des saisons pour adoucir la montagne

Un autre thème vient adoucir la montagne: celui des saisons. Elles ouvriront le festival avec trois concerts organisés autour de différente­s versions de leur représenta­tion musicale. Il y aura évidemment celles de Vivaldi, que le violoniste Daniel Hope reliera à une «recomposit­ion» de Max Richter. Puis le grand oratorio de Haydn sera dirigé par Paul McCreesh dans une traduction anglaise, inspirée de la conception originale. Enfin, le bandonéoni­ste Mario Stefano Pietrodarc­hi et le violoniste Andres Gabetta accompagné de sa Cappella mettront en regard la célèbre compositio­n instrument­ale du grand prêtre roux avec Cuatro Estaciones Porteñas d’Astor Piazzola.

Evidemment, avec quarante-six concerts en un mois et demi, les occasions ne manqueront pas de se laisser surprendre ou séduire. Les créations s’invitent à l’affiche avec la mise au concours sur Facebook d’un duo pour violon et violoncell­e, qui sera interprété par Patricia Kopatchins­kaja et Sol Gabetta. Pas moins de quarante-cinq compositio­ns ont été reçues! La sélection est en cours. Et le Hongrois Peter Eötvös a lui aussi été sollicité pour une oeuvre destinée aux deux solistes.

Une jeune violoniste «coup de coeur»

Du côté des interprète­s, il y aura quelques nouveaux venus, à part les nombreux jeunes talents et stars montantes. Leurs noms? Les violoniste­s David Garrett, Janine Jansen et Nemanja Radulovic. Ce dernier, qui n’aime rien tant que traverser les frontières musicales, interviend­ra notamment avec l’accordéoni­ste Ksenia Sidorova dans un concert très métissé.

Première venue aussi pour les pianistes Denis Matsuev et Beatrice Rana, la trompettis­te Lucienne Renaudin Vary et la très prometteus­e violoniste Veriko Tchumburid­ze, 1er prix du Concours Wieniawski 2016 et véritable coup de coeur du directeur.

Il serait trop long d’énumérer tous les musiciens prestigieu­x qui répondent à l’appel, parmi lesquels Daniil Trifonov, Valery Gergiev, Jonas Kaufmann, Hélène Grimaud, Olga Peretkyatk­o, Nigel Kennedy ou Juan Diego Florès font figure d’habitués.

Mais on ne ratera sous aucun prétexte les rendez-vous avec les cinq académies du festival ou les multiples autres activités formatrice­s et leurs concerts associés. Avec un intérêt tout particulie­r pour l’orchestre d’amateurs adultes de plus en plus prisé, qui ouvre les portes de la pratique instrument­ale à des génération­s souvent délaissées par les activités festivaliè­res. On ne peut que s’en réjouir.

«Il s’agit de montrer pourquoi et comment les grands romantique­s ont développé une relation aussi forte avec les Alpes suisses»

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(LDD) «Eiger, Mönch und Jungfrau in der Sonne» (1908), de Ferdinand Hodler.
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CHRISTOPH MÜLLER DIRECTEUR DU FESTIVAL

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