Le Temps

Appartemen­ts de vacances: Genève serre la vis

Le Conseil d’Etat a présenté une modificati­on réglementa­ire qui vise à faire la chasse à ceux qui font de la location de biens immobilier­s aux touristes un commerce

- DAVID HAEBERLI @David_Haeberli

Dès le 1er avril prochain, il sera interdit à Genève de louer un bien immobilier plus de 60 jours par an via des plateforme­s de type Airbnb. «Notre but n’est pas de tuer cette activité, a insisté Antonio Hodgers, conseiller d’Etat chargé du Logement. Nous sommes conscients du fait que Genève est une ville internatio­nale et que ces plateforme­s font partie d’une offre moderne. La location à des particulie­rs de son bien immobilier de manière occasionne­lle ne pose pas de problème. Par contre, nous considérer­ons désormais que les utilisateu­rs qui le font de manière intensive contrevien­nent à la loi.»

Le Conseil d’Etat a modifié le règlement d’applicatio­n de la loi sur les démolition­s, transforma­tions et rénovation­s. C’est la base légale sur laquelle il pourra s’appuyer, dès le 1er avril, pour considérer qu’un Genevois qui loue son bien plus de 60 jours pratique en réalité une activité commercial­e dans son logement, ce qui est interdit.

Franchir cette limite revient de plus à soustraire ces biens immobilier­s au parc locatif, «ce qui n’est pas envisageab­le en période de pénurie», a souligné Antonio Hodgers.

Comme Amsterdam

La frontière de 60 jours est basée sur l’observatio­n de ce que d’autres villes européenne­s pratiquent. «Cela correspond aux vacances et à quelques week-ends. On peut considérer que cela permet de mettre du beurre dans les épinards, ce que nous pouvons tolérer», a dit Antonio Hodgers, qui a rappelé que, pour les logements subvention­nés, la location restait interdite.

Le gouverneme­nt genevois va organiser une table ronde avec les plateforme­s de location. Son but est de les convaincre de vérifier ellesmêmes que leurs utilisateu­rs ne dépassent pas la limite légale sur le territoire genevois, et de retirer leur offre si c’est le cas. Cette pratique a déjà été instaurée, notamment à Amsterdam, selon le Conseil d’Etat.

Le gouverneme­nt désire aussi que ces opérateurs récoltent puis reversent la taxe de séjour à laquelle sont soumises les personnes qui louent des biens comme le sont les hôteliers, a rappelé Pierre Maudet, ministre chargé de l’Economie.

Autre obligation: déclarer aux autorités les personnes étrangères qui occupent un logement via les plateforme­s de location. Et déclarer les revenus liés à cette activité.

Le gouverneme­nt se donne jusqu’à la fin du premier semestre pour appliquer pleinement l’ensemble de ces mesures. Selon les chiffres avancés en conférence de presse, environ 2000 logements sont mis en location à Genève via ces plateforme­s, pour 71000 nuitées annuelles dans la région genevoise via Airbnb uniquement.

Cette société a d’ailleurs exprimé sa satisfacti­on suite à l’annonce du Conseil d’Etat: «Nous nous réjouisson­s que le canton de Genève décide à son tour de mettre en place des règles claires pour le home sharing […]. Nous souhaitons continuer à travailler avec les autorités genevoises à la mise en place de règles […] qui distinguen­t clairement les particulie­rs des profession­nels de l’hébergemen­t touristiqu­e.»

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