Le Temps

Les quatre raisons de la baisse de la part des femmes à la direction

- EMMANUEL GARESSUS, ZURICH @garessus

La part des femmes parmi les membres de la direction des 100 plus grandes entreprise­s privées suisses est tombée de 8% à 7%, mais la hausse s’est poursuivie dans le secteur public, selon un rapport. De plus, 18% des entreprise­s n’ont pas de femme dans leur conseil d’administra­tion

La part des femmes à la direction des 100 plus grandes entreprise­s privées suisses est passée de 8% à 7%. Parmi les nouveaux membres de la direction, elle est même tombée de 21% à 8%, explique Guido Schilling, consultant, à l’occasion de la présentati­on du rapport 2018 sur les femmes dans les organes de direction.

Pour les nouveaux membres, l’année précédente a été une aberration dans la mesure où ce taux n’était que de 4% en 2016, assure l’expert en recrutemen­t.

La première raison de cette diminution est à chercher dans le mode de recrutemen­t des directeurs. En effet 67% des nouveaux membres masculins proviennen­t de l’entreprise ellemême et 33% d’autres entreprise­s. Par contre, seules 22% des nouvelles directrice­s sont promues à l’interne et évitent le double défi d’une absence de réseau interne et d’une adaptation à une nouvelle culture.

Deuxièmeme­nt, à peine 11% des nouvelles femmes nommées à la direction assument des fonctions commercial­es. La très grande majorité (89%) font carrière dans les services (ressources humaines, services juridiques, communicat­ion).

La troisième raison tient aux fluctuatio­ns. Le nombre de femmes qui ont quitté une direction est resté stable (11), mais les nouvelles arrivées ne sont que 9 cette année, contre 27 l’an dernier. Enfin, la durée des mandats à la direction diminue à 3,9 ans pour les femmes (contre 5,5 ans l’an dernier), alors qu’elle augmente à 8,1 ans pour les hommes (7,4).

La proportion de femmes à des postes de direction dans le secteur public s’est accrue de 14% à 16%, selon le rapport. L’augmentati­on est encore plus forte au sein des nouveaux membres (de 20% à 27%). Guido Schilling l’explique par une prise de

Les femmes représente­nt 37% des effectifs dans le privé, mais seulement 21% de la hiérarchie intermédia­ire et 14% du top management

conscience plus rapide du problème et des métiers traditionn­ellement plus féminins (social, santé, formation).

Le recruteur se déclare optimiste. «C’est un processus génération­nel, mais la tendance à l’augmentati­on de la présence de femmes à la direction va augmenter sensibleme­nt», prévoit l’expert. «Les entreprise­s doivent attirer les talents pour être compétitiv­es et à cette fin tout entreprend­re pour les préparer à des fonctions de direction. De plus, les femmes expriment elles-mêmes une volonté croissante de faire carrière.»

Hausse dans les conseils d’administra­tion

Le spécialist­e du recrutemen­t recommande d’élargir ce qu’il nomme «le pipeline de la diversité des genres». En effet, les femmes représente­nt 37% des effectifs dans le privé (49% dans le secteur public), mais seulement 21% (24%) de la hiérarchie intermédia­ire et 14% du top management (22%). Il plaide également en faveur d’une plus forte orientatio­n des femmes dans les fonctions commercial­es et des horaires de séances de direction qui ne pénalisent pas la vie de famille.

Dans les conseils d’administra­tion, la part des femmes passe de 17% à 19% parce qu’un nouvel administra­teur sur quatre est une femme. L’objectif de 30% en 2022 est encore loin.

L’idée d’introduire des quotas n’est pas soutenue par Guido Schilling. D’ailleurs la part d’administra­trices est très supérieure à celle de la Suisse dans des pays sans quota, comme la Suède (36%), la Finlande (33%) ou le Danemark (30%). Toutefois, 18% des entreprise­s suisses n’ont aucune femme au conseil d’administra­tion.

Dix d’entre elles ont repourvu 102 sièges en huit ans et ont engagé 5 femmes, mais toutes ont quitté le groupe. On y trouve Alpiq, Gategroup, SGS, Bobst, Barry Callebaut, Schmolz & Bickenbach, Rieter, Franke, OC Oerlikon et Arbonia.

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