Les quatre raisons de la baisse de la part des femmes à la direction
La part des femmes parmi les membres de la direction des 100 plus grandes entreprises privées suisses est tombée de 8% à 7%, mais la hausse s’est poursuivie dans le secteur public, selon un rapport. De plus, 18% des entreprises n’ont pas de femme dans leur conseil d’administration
La part des femmes à la direction des 100 plus grandes entreprises privées suisses est passée de 8% à 7%. Parmi les nouveaux membres de la direction, elle est même tombée de 21% à 8%, explique Guido Schilling, consultant, à l’occasion de la présentation du rapport 2018 sur les femmes dans les organes de direction.
Pour les nouveaux membres, l’année précédente a été une aberration dans la mesure où ce taux n’était que de 4% en 2016, assure l’expert en recrutement.
La première raison de cette diminution est à chercher dans le mode de recrutement des directeurs. En effet 67% des nouveaux membres masculins proviennent de l’entreprise ellemême et 33% d’autres entreprises. Par contre, seules 22% des nouvelles directrices sont promues à l’interne et évitent le double défi d’une absence de réseau interne et d’une adaptation à une nouvelle culture.
Deuxièmement, à peine 11% des nouvelles femmes nommées à la direction assument des fonctions commerciales. La très grande majorité (89%) font carrière dans les services (ressources humaines, services juridiques, communication).
La troisième raison tient aux fluctuations. Le nombre de femmes qui ont quitté une direction est resté stable (11), mais les nouvelles arrivées ne sont que 9 cette année, contre 27 l’an dernier. Enfin, la durée des mandats à la direction diminue à 3,9 ans pour les femmes (contre 5,5 ans l’an dernier), alors qu’elle augmente à 8,1 ans pour les hommes (7,4).
La proportion de femmes à des postes de direction dans le secteur public s’est accrue de 14% à 16%, selon le rapport. L’augmentation est encore plus forte au sein des nouveaux membres (de 20% à 27%). Guido Schilling l’explique par une prise de
Les femmes représentent 37% des effectifs dans le privé, mais seulement 21% de la hiérarchie intermédiaire et 14% du top management
conscience plus rapide du problème et des métiers traditionnellement plus féminins (social, santé, formation).
Le recruteur se déclare optimiste. «C’est un processus générationnel, mais la tendance à l’augmentation de la présence de femmes à la direction va augmenter sensiblement», prévoit l’expert. «Les entreprises doivent attirer les talents pour être compétitives et à cette fin tout entreprendre pour les préparer à des fonctions de direction. De plus, les femmes expriment elles-mêmes une volonté croissante de faire carrière.»
Hausse dans les conseils d’administration
Le spécialiste du recrutement recommande d’élargir ce qu’il nomme «le pipeline de la diversité des genres». En effet, les femmes représentent 37% des effectifs dans le privé (49% dans le secteur public), mais seulement 21% (24%) de la hiérarchie intermédiaire et 14% du top management (22%). Il plaide également en faveur d’une plus forte orientation des femmes dans les fonctions commerciales et des horaires de séances de direction qui ne pénalisent pas la vie de famille.
Dans les conseils d’administration, la part des femmes passe de 17% à 19% parce qu’un nouvel administrateur sur quatre est une femme. L’objectif de 30% en 2022 est encore loin.
L’idée d’introduire des quotas n’est pas soutenue par Guido Schilling. D’ailleurs la part d’administratrices est très supérieure à celle de la Suisse dans des pays sans quota, comme la Suède (36%), la Finlande (33%) ou le Danemark (30%). Toutefois, 18% des entreprises suisses n’ont aucune femme au conseil d’administration.
Dix d’entre elles ont repourvu 102 sièges en huit ans et ont engagé 5 femmes, mais toutes ont quitté le groupe. On y trouve Alpiq, Gategroup, SGS, Bobst, Barry Callebaut, Schmolz & Bickenbach, Rieter, Franke, OC Oerlikon et Arbonia.
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