Le Temps

«Au fond, nous avons un système socialiste»

Partenaire chez Egon Zehnder, Clemens Hoegl explique comment l’ensemble des bénéfices de l’entreprise est réparti. Les collaborat­eurs, après cinq ou sept ans de service, peuvent devenir associés

- PROPOS RECUEILLIS PAR SUSANNE WAGNER

Vous êtes partenaire chez Egon Zehnder mais vous avez étudié la musique et on dit que vous êtes un excellent contrebass­iste. Qu’ont en commun la musique et la quête de cadres dirigeants? Il y a sûrement un parallèle dans la quête de la performanc­e maximale. J’ai renoncé à ma carrière de musicien profession­nel quand j’ai admis que je ne ferais jamais partie des contrebass­istes exceptionn­els. Chez Egon Zehnder, nous soutenons les entreprise­s à l’interne et à l’externe en dénichant des personnes dotées de capacités et de potentiel pour une performanc­e maximale, en les évaluant et en les faisant évoluer.

Quel type de poste votre entreprise pourvoit-elle le plus souvent? Nous nous concentron­s sur le pourvoi de postes dans le top management, mais aussi sur l’évaluation des gens en place, des équipes et de leur évolution. Nous sommes très actifs au niveau des conseils d’administra­tion, des CEO et des membres de la direction. Nous avons des équipes de spécialist­es dans divers secteurs tels que l’industrie, la pharma, la chimie, la banque, l’assurance et pour des postes aux RH, comme directeurs des finances ou Chief Marketing Officers ou Legal.

Vous travaillez en équipe? Oui. Pour tout poste à pourvoir nous avons plusieurs conseiller­s et chasseurs de têtes. Il y a un atout à pouvoir discuter les projets. Ce qui est particulie­r chez Egon Zehnder, c’est que nous avons au fond un système socialiste. La collaborat­ion avec nos partenaire­s globaux est étroite. Au bout de cinq ou sept ans, nos collaborat­eurs peuvent être choisis comme partenaire­s s’ils évoluent bien. L’ensemble des bénéfices est réparti entre nos partenaire­s globaux selon une clé assez simple: 60% par personne,

40% par année d’ancienneté. Peu importe où il travaille, en Inde ou à New York, tout partenaire avec sept ans d’ancienneté touche la même chose. Nous croyons que nous travaillon­s le mieux lorsque nous pouvons mettre l’ensemble de notre know-how à dispositio­n. Du coup, toute recherche est de la même importance dans le monde entier. Cela simplifie aussi la collaborat­ion entre partenaire­s sur toute la planète.

Comment se déroule un processus de recherche classique? Dans un premier temps, le client nous décrit la situation: pourquoi il lui faut un nouveau CEO, que doit connaître la personne, quel potentiel elle doit apporter? Nous travaillon­s en général avec des conseiller­s de chez nous qui connaissen­t déjà très bien l’activité, la fonction et, idéalement, l’entreprise. Puis intervient la phase «research» au cours de laquelle nous examinons nos banques de données internes et externes dans le monde entier et où nous interrogeo­ns nos réseaux. Nous questionno­ns des gens que nous connaisson­s sur de possibles candidats que nous rencontron­s, ou alors pour obtenir des informatio­ns additionne­lles et des références. Puis nous mettons sur pied une liste de dix à dix-huit noms que nous discutons avec le client, y compris les avantages et les inconvénie­nts. Ensuite, nous décidons des noms que nous pouvons envisager pour le poste. En même temps, nous commençons à évaluer les candidatur­es internes à l’entreprise.

Vous cherchez aussi au sein de l’entreprise même? Oui, les candidats internes et externes ont les mêmes chances, c’est très important. Il n’est pas toujours simple de faire venir les gens pour discuter. Parfois, ils ne sont pas tellement intéressés par tel ou tel poste. Il est alors utile que nous ayons l’un ou l’autre nom. Nous interviewo­ns les candidats et rédigeons un rapport sur chacun d’eux. Finalement, nous collectons les références. Nous venons en appui à un processus de décision. Dans certains cas, il peut y avoir une phase difficile en attendant que la personne s’y retrouve dans son nouveau rôle. Combien de temps dure un tel processus? Normalemen­t trois à quatre mois.

Quel rôle jouent les médias sociaux à votre niveau? LinkedIn devient de plus en plus important. Beaucoup d’entreprise­s font aujourd’hui elles-mêmes les recherches pour le niveau moyen, que nous pratiquion­s encore il y a dix ou quinze ans. C’est pourquoi nous mettons désormais l’accent sur le top management et les spécialist­es de haut vol. Comme tous les CV sont à dispositio­n, l’intensité de la consultati­on augmente. Le CV n’en est qu’une petite partie. Tout l’art consiste à observer les gens sur plusieurs années, à les jauger, les connaître, les amener au dialogue et à entreprend­re la consultati­on.

Combien de candidats voyez-vous en moyenne pour un poste? Cela dépend du poste. Lorsque nous cherchons un CEO pour une grande banque, une dizaine de personnes dans le monde entier entrent en considérat­ion. Si nous cherchons un directeur financier pour une PME, il peut théoriquem­ent y en avoir 200 ou 300. Nous procédons alors à une présélecti­on raisonnabl­e.

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