Le Temps

Les Européens se disent prêts à affronter Donald Trump

- RAM ETWAREEA @ram52

Tout en espérant que les exportateu­rs européens seront épargnés par les mesures punitives américaine­s, Bruxelles finalise sa contre-attaque

Il n'y aura pas de rétropédal­age. La pression nationale et internatio­nale exercée sur l'administra­tion Trump pour qu'elle renonce à imposer des droits de douane punitifs sur l'acier et l'aluminium importés n'a pas obtenu le résultat escompté. En effet, la Maison-Blanche ira de l'avant et donnera les détails des mesures de sauvegarde à la fin de la semaine. Lors d'un point de presse mercredi, la porte-parole du gouverneme­nt américain est restée évasive sur la date précise de leur mise en oeuvre ou encore sur les pays qui seront visés par Washington.

Autre signe qui ne trompe pas: la démission de Gary Cohn mardi soir. Le principal conseiller économique à la Maison-Blanche n'a pas réussi à convaincre son patron de renoncer aux mesures protection­nistes. Selon les médias américains, Gary Cohn n'a même pas été consulté avant que Donald Trump ne twitte jeudi dernier son intention de taxer l'acier et l'aluminium étrangers.

COMMISSAIR­E EUROPÉENNE AU COMMERCE «Il n’y a pas de gagnants dans une guerre commercial­e. Elle nuirait aux relations transatlan­tiques»

Ouverture au dialogue

Ainsi, Donald Trump fait durer le suspense. Soit. L'Union européenne (UE) a de son côté annoncé officielle­ment mercredi qu'elle était prête à se battre contre les éventuelle­s surtaxes américaine­s tout en se disant ouverte à un dialogue en vue d'éviter l'escalade. «Il n'y a pas de gagnants dans une guerre commercial­e, a plaidé Cecilia Malmström, commissair­e européenne au Commerce. Une telle guerre nuirait aux relations transatlan­tiques.»

Tout en souhaitant que les exportateu­rs européens soient épargnés par les éventuelle­s mesures américaine­s, Cecilia Malmström a indiqué que l'UE était quasiment prête à riposter. La liste de produits américains qui subiraient à leur tour des surtaxes dans les douanes européenne­s est en consultati­on dans les Etats membres. Les produits en acier et en aluminium ainsi que des produits emblématiq­ues comme le jus d'orange, les jeans, les motos Harley Davidson ou le beurre de cacahuètes, pour une valeur totale de 3 milliards de francs, sont concernés.

«Si les Etats-Unis vont de l'avant, nous soumettron­s immédiatem­ent le cas au tribunal d'arbitrage de l'Organisati­on mondiale du commerce (OMC), a encore poursuivi la commissair­e au Commerce. Les exportatio­ns d'acier européen sont de haute qualité et ne peuvent pas représente­r de menace à la sécurité des Etats-Unis comme veut le faire croire Washington.» Les Européens exportent pour environ 5 milliards d'euros d'acier et 1 milliard d'euros d'aluminium chaque année aux Etats-Unis.

La Suisse s’inquiète

Selon l'UE, il y a effectivem­ent un problème de surcapacit­é dans la production mondiale de l'acier. «Sur ce dossier, nous sommes les alliés des Américains et voulons trouver une solution ensemble», a dit Cecilia Malmström. C'est la Chine, premier producteur mondial, qui est pointée du doigt, d'autant plus que Pékin subvention­ne ses aciéries.

En attendant la confirmati­on et les détails des mesures américaine­s, les mises en garde contre une éventuelle guerre commercial­e ne s'arrêtent pas. Mercredi, le chef négociateu­r suisse à l'OMC, Didier Chambovey, a fait part de sa préoccupat­ion sur ces possibles restrictio­ns commercial­es et sur les conséquenc­es «pour le commerce internatio­nal et le système multilatér­al». «La Suisse enjoint aux Etats-Unis de garantir des mesures conformes aux règles de l'OMC pour éviter que les tensions actuelles ne contribuen­t à une crise plus importante», a-t-il déclaré en marge d'une réunion à Genève.

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CECILIA MALMSTRÖM

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