«HNA soutient Swissport et ne nous impose rien»
Le directeur général de Swissport, Eric Born, détaille les relations du leader mondial des services aéroportuaires avec son propriétaire chinois, HNA. Et confirme que l’introduction en bourse de Swissport devrait intervenir au deuxième trimestre
Swissport a conclu mercredi l’acquisition d’Aerocare, un important acteur des services aéroportuaires en Australie et en Nouvelle-Zélande. Après cette opération, l’entreprise suisse sera active dans 50 pays avec quelque 68 000 employés. Le directeur général de Swissport, Eric Born, explique les raisons de cette acquisition et décrit les liens de son entreprise avec son propriétaire, l’opaque conglomérat chinois HNA.
Quelle est la stratégie derrière l’acquisition d’Aerocare? L’Australie et la Nouvelle-Zélande sont deux marchés en forte croissance sur lesquels nous n’étions pas présents. Cette opération nous permet aussi de renforcer notre présence en Asie-Pacifique, où nous n’étions implantés qu’en Corée du Sud et au Japon. La zone représentera dorénavant environ 10% de nos revenus. Aerocare fournit des services uniquement aux passagers, s’occupe des bagages, mais pas des cargos. C’est un nouveau service que nous effectuerons dans la région. Nous comptons procéder à d’autres acquisitions, car le marché de la sous-traitance aéroportuaire est encore très fragmenté. En tant que leader mondial, nous détenons 14% de parts de marché, tandis que le top 5 de notre secteur possède moins de 30% de parts de marché.
Votre propriétaire, HNA, va introduire Gategroup en bourse, moins de deux ans après avoir acquis le spécialiste de la restauration aérienne. Fin janvier, la «SonntagsZeitung» annonçait que Swissport serait aussi coté en bourse au deuxième trimestre 2018. Quelle part de capital HNA compte-t-il conserver? Il est trop tôt pour fournir ce genre de détails. L’introduction en bourse (IPO) nous permettra de réduire notre endettement et de renforcer notre position de leader mondial. Nous travaillons très dur sur ce projet avec trois grandes banques, JPMorgan, Credit Suisse et Barclays, de manière à ce qu’il se concrétise au deuxième trimestre.
Vous êtes en poste depuis août 2015, vous avez donc dirigé Swissport avant et après l’arrivée de HNA. Qu’est-ce qui a changé à l’arrivée de HNA? J’ai été embauché par les propriétaires précédents, le groupe de private equity PAI Partners. Ils m’avaient demandé de préparer l’entreprise à une IPO. L’acquisition par HNA a été annoncée peu de temps après la signature de mon contrat. La mission que m’a confiée HNA consiste à préparer l’entreprise pour qu’elle demeure à 100% la propriété de HNA ou qu’elle fasse une IPO. Le plan stratégique n’a pas fondamentalement changé.
Qu’est-ce que le groupe HNA a apporté à Swissport? HNA nous a toujours soutenus et aidés. Le groupe nous a permis de mieux appréhender le marché chinois et aussi de comprendre pourquoi ce n’est pas encore le moment d’y investir. Sur ce marché encore très régulé, les prix des services aéroportuaires pour les vols domestiques sont encadrés, ce qui explique qu’il ne serait actuellement pas rentable d’y opérer. Ce sera peut-être le cas dans trois ou cinq ans, difficile à dire. Une dérégulation doit être mise en place.
HNA connaît des problèmes de liquidités. Cela complique-t-il vos acquisitions? Nous effectuons des acquisitions avec un mélange de dette et d’actions, et nous finançons nos dépenses d’investissement comme auparavant. HNA nous soutient mais ne nous envoie pas de chèque.
HNA vous impose-t-il d’atteindre des synergies avec les autres entreprises du groupe? Même si Swissport est une filiale à 100% de HNA, nous sommes largement autonomes dans nos décisions. Dans notre secteur, HNA possède notamment des compagnies aériennes, mais elles ne sont pas tenues d’avoir recours à nos services.
En Suisse, la Commission des offres publiques d’acquisition (COPA) a estimé en novembre 2017 que HNA n’avait pas fourni suffisamment d’informations lors de son achat de Gategroup. En janvier, les EtatsUnis ont gelé des acquisitions que HNA voulait effectuer outre-Atlantique, en attendant d’avoir des précisions sur ses véritables propriétaires. Quel impact ce climat a-t-il sur vos affaires? Chez Swissport, nous n’avons eu aucun problème de ce type. Nous nous sommes refinancés l’an dernier, les banques ont appliqué les vérifications usuelles sans problème. Swissport continue à opérer de la même manière qu’avant que HNA ne devienne propriétaire.
En août, Swissport a prêté 400 millions d’euros à une filiale de HNA, qui devaient être remboursés fin novembre. Mais vous avez annoncé début décembre que vous aviez repoussé le remboursement de ce prêt à fin janvier et que HNA pourrait payer les intérêts de 8 millions d’euros plus tard. HNA vous a-t-il remboursé ce prêt? Nous avons reçu fin janvier un remboursement partiel de 52 millions d’euros. Un nouveau prêt a été accordé à HNA avec une maturité au 7 mai 2018.
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«Sur les 400 millions d’euros que nous avons prêtés à HNA, 52 millions ont été remboursés pour le moment»