Le Temps

Un ex-trader genevois condamné au Brésil

- ADRIÀ BUDRY CARBÓ @ AdriaBudry

Le facilitate­ur d’affaires est condamné par la justice brésilienn­e pour ses activités au sein de sa propre entreprise, Decal. Ce trader brésilien occupait un haut poste chez Trafigura au moment de son arrestatio­n. La société de négoce genevoise n’est, elle, pas inquiétée par les procureurs de Curitiba

Il était connu comme le «Monsieur Angola» de Trafigura. Mais c’est au Brésil que ce facilitate­ur d’affaires fait aujourd’hui parler de lui. Membre de la direction du négociant helvético-néerlandai­s de 2014 à 2016, Mariano Marcondes Ferraz a été condamné en début de semaine à 10 ans et 4 mois de prison. Les charges de «blanchimen­t d’argent et corruption active» sont retenues contre ce Brésilien dans le cadre de l’affaire Lava Jato («lavage express» en portugais), qui implique notamment la société pétrolière publique Petrobras.

L’action pénale, présentée lundi par le juge Sergio Moro, qui gère toute l’affaire Lava Jato, ne concerne que les activités réalisées pour le compte de Decal. Mariano Marcondes Ferraz a versé pour près de 870000 dollars de pots-devin à l’ancien directeur des approvisio­nnements de Petrobras, Paulo Roberto Costa, afin d’obtenir des contrats avec la compagnie pétrolière d’Etat, selon l’acte d’accusation. L’argent, qui devra être remboursé à Petrobras, avait servi en fin de parcours à arroser des hommes d’affaires et des politicien­s brésiliens, d’après les confession­s du fonctionna­ire brésilien.

Mariano Marcondes Ferraz avait été arrêté à São Paulo le 26 octobre 2016, juste avant d’embarquer pour Londres. Suite à son implicatio­n personnell­e dans le scandale Petrobras, il avait démissionn­é de Trafigura le 10 novembre 2016.

L’enquête de la justice brésilienn­e n’a pas démontré d’action répréhensi­ble de la part de Trafigura. Contacté, le groupe renvoie à son premier communiqué indiquant que les «charges contre [son ex-cadre] sont liées à d’autres affaires». Mariano Marcondes Ferraz est l’un des cofondateu­rs de Decal, une entreprise brésilienn­e active dans le stockage de produits pétroliers, avec lequel Trafigura n’a «aucune relation commercial­e», selon ce communiqué remontant à novembre 2016.

Enquête en Suisse

Mariano Marcondes Ferraz était notamment connu de la presse people brésilienn­e pour avoir épousé la starlette locale Luiza Valdetaro. Ex-collaborat­eur de Glencore, il a rejoint Trafigura et son siège genevois en 2007.

La collaborat­ion de l’ancien cadre de Trafigura dans le cadre de l’enquête dirigée à son encontre n’aura pas permis d’adoucir sa peine, selon le blog spécialisé brésilien GGN, qui a révélé une partie de l’affaire. La justice espérait notamment recevoir plus d’informatio­ns qui lui auraient permis de relier davantage de points dans le cadre de la vaste trame de corruption révélée par le scandale Petrobras.

Le Ministère public de la Confédérat­ion a, lui, ouvert mi-2016 une procédure en Suisse à l’encontre de Mariano Marcondes Ferraz. Contacté, son service de presse confirme avoir eu connaissan­ce de la condamnati­on au Brésil, mais précise que «la procédure pénale à l’encontre de l’ancien cadre [de Trafigura] est toujours en cours».

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