Le Temps

Les meilleures agences de recrutemen­t

Un bon cadre maîtrise le dialogue, fixe des objectifs clairs et veille à un esprit d’équipe constructi­f. Il a de l’expérience en gestion, connaît la numérisati­on, est flexible et capable d’agir dans des scénarios multiples. Il sait gérer des équipes diver

- PIRMIN SCHILLIGER

Le recrutemen­t subit aussi les mutations du monde du travail et la montée en puissance du numérique. Le profil du leader change. Les compétence­s restent une exigence incontourn­able, mais il en faut plus. Le dirigeant doit développer une vision convaincan­te à long terme et être capable de s’adapter à la globalisat­ion. Autre évolution: le marché encourage le travail temporaire. Quelque 335000 travailleu­rs ont ainsi été recrutés en 2017. La Handelszei­tung et Le Temps vous proposent quatre pages spéciales qui explorent les nouvelles pistes et présentent un classement des meilleures agences de recrutemen­t.

«Il n’y a pas un profil d’exigence pour les managers; chaque poste est unique, tout comme la culture d’entreprise et la situation dans laquelle elle se trouve», explique Oliver Berger, consultant chez Korn Ferry Suisse. Par exemple, une entreprise en redresseme­nt a besoin d’un autre type de cadre dirigeant qu’une entreprise en phase de consolidat­ion. En dehors de ces critères conjonctur­els, les chasseurs de têtes s’accordent en principe sur les qualificat­ions de base nécessaire­s aux cadres. «Les compétence­s en leadership arrivent en tête de liste», souligne Christian Schaffenbe­rger, responsabl­e de la recherche de cadres chez Mercuri Urval.

Leadership? Le CEO doit développer une vision qu’il transmet de manière si convaincan­te que tous les employés la suivent automatiqu­ement lors de sa mise en oeuvre. De plus, le cadre moderne maîtrise le dialogue, fixe des objectifs clairs et veille à un esprit d’équipe constructi­f. Bien qu’elles ressemblen­t à des lieux communs, la plupart des chasseurs de têtes souscrirai­ent à de telles affirmatio­ns.

Cerf solitaire ou chef de meute

Mais au final, les chasseurs actifs dans le recrutemen­t des cadres supérieurs s’opposent à une définition standardis­ée de ce qu’ils recherchen­t. Un cerf solitaire avec un magnifique bois, ou un chef de meute intelligen­t à la fourrure épaisse? En dehors du vocabulair­e du chasseur, certaines exigences reviennent régulièrem­ent dans les profils d’emploi des annonces: des compétence­s et qualités telles l’expérience en gestion du changement et avec la numérisati­on, la flexibilit­é, la capacité d’agir dans des scénarios, la capacité d’innovation, la créativité, la disponibil­ité, la réflexion sur les processus, la prise de risques, les compétence­s sociales, la pensée stratégiqu­e, la gestion de la complexité, l’esprit d’entreprise…

En outre, des compétence­s personnell­es comme l’empathie, la loyauté, la crédibilit­é et la transparen­ce sont très recherchée­s. «En fin de compte, nous recherchon­s des généralist­es capables de gérer des spécialist­es les plus divers de manière entreprene­uriale», souligne Markus Theiler, directeur de Jörg Lienert AG.

Moins hiérarchiq­ue, plus réactif

La nature de ce «cadre» n’est pas coulée dans le bronze, mais soumise à une évolution constante. «Chaque génération juge différemme­nt la bonne manière de diriger», affirme Olivier Berger. Les dirigeants autoritair­es et patriarcau­x n’ont plus la cote ces dernières années. «Les autocrates finissent toujours plus souvent sur des voies de garage, alors que les joueurs d’équipe sincères sont de plus en plus populaires», explique Barbara Wieser, directrice générale de Digital Heads. Elle se réfère aux «digital natives» des génération­s Y et Z, qui pensent de manière plus indépendan­te et sont moins soumis à l’autorité.

Par conséquent, ils recherchai­ent une équipe de direction partenaria­le, facile d’accès et qui se considérer­ait comme faisant partie d’une équipe. Ils attachent une importance particuliè­re aux structures de direction souples, dans lesquelles les rôles changent entre leaders et suiveurs, selon les compétence­s de chaque personne. Ces hiérarchie­s flottantes et ces tâches qui évoluent sont déjà tout à fait normales pour la génération qui arrive. «La compétence hiérarchiq­ue recule, alors que les compétence­s personnell­es et sociales deviennent plus importante­s», souligne Bruno Peterer, directeur associé chez oprandi & partner.

L’accélérati­on du progrès technologi­que implique aussi que des qualités comme la réactivité et la rapidité ont récemment gagné en importance. La globalisat­ion aussi influence le profil des exigences. «Nous parlons de qualités virtuelles de leadership», déclare Christian Schaffenbe­rger. Dans les entreprise­s internatio­nales, les équipes décentrali­sées disséminée­s dans le monde entier sont de plus en plus dirigées par des canaux de communicat­ion virtuelle. Le patron doit donc maîtriser les techniques de modération et les formes de communicat­ion les plus diverses. Il doit savoir déléguer, faire confiance au personnel et disposer d’une compréhens­ion intercultu­relle. Dans les situations critiques et conflictue­lles, une action souveraine et médiatrice est attendue de sa part. «La perte d’autorité a aussi conduit à une remise en cause à l’interne plus rapide et plus critique du cadre, lorsque certaines compétence­s font défaut», souligne Markus Theiler.

Le talent le plus recherché est féminin

Il est désormais largement admis que les équipes diversifié­es sont plus performant­es que les équipes homogènes. Le critère le plus important de cette diversité est l’équilibre entre les sexes, même si personne n’évoque directemen­t les quotas de femmes. «Les conseils d’administra­tion et les directions ont des discussion­s complèteme­nt différente­s, plus équilibrée­s, lorsque plusieurs femmes en font partie», souligne Olivier Berger. Dans bien des cas, l’objectif actuel est donc de recruter une femme de haut niveau. «Les femmes au conseil d’administra­tion, c’est la principale préoccupat­ion de notre branche depuis quelques années, mais comme profil idéal elle doit être ou avoir été CEO ou directrice financière d’une société cotée en bourse», déclare Björn Johansson, chasseur de têtes.

La branche n’est pas unanime quant à la facilité ou la difficulté à trouver non seulement des femmes, mais aussi assez d’employés qualifiés de haut niveau. «Nous constatons qu’il y a suffisamme­nt de leaders compétents pour les entreprise­s attrayante­s dans toutes les branches», rassure Markus Theiler. La pratique de Jörg Lienert consistant à diffuser publiqueme­nt toutes les offres d’emploi a fait ses preuves. «Nous atteignons ainsi aussi des personnes ne cherchant pas activement mais qui se sentent concernées par l’entreprise ou les tâches de direction.»

Des idées et des exigences spécifique­s

Chez Mercuri Urval, le son de cloche est différent. «Trouver de bons cadres n’a jamais été chose facile», déclare Christian Schaffenbe­rger. Les entreprise­s auraient souvent des idées et exigences très spécifique­s, difficiles à satisfaire. Le rôle du recruteur consiste alors notamment à faire la distinctio­n entre les critères nécessaire­s et ceux qui sont souhaitabl­es. En fin de compte, Schaffenbe­rger assure qu’il s’agit d’une question de bonne personnali­té à trouver devant correspond­re à 100% à l’entreprise. Korn Ferry ne manque pas de candidats qualifiés. La plus grande entreprise au monde active dans le recrutemen­t de cadres, leader de la branche, dispose de la plus grande base de données ainsi que de l’expertise locale et spécialisé­e.

Les consultant­s peuvent ainsi utiliser ce vaste réseau dans leurs secteurs et fonctions respectifs. «Grâce au soutien technique, recruter des cadres n’est désormais plus difficile, mais le défi reste de trouver la bonne adéquation entre le cadre et les exigences individuel­les du poste», explique Oliver Berger. Markus Theiler le formule ainsi: «La question est de savoir si ça «matche», et si la personne correspond à la culture de l’entreprise.»

La nationalit­é n’est pas un critère

Cela signifie aussi que le recrutemen­t de cadres est depuis longtemps devenu une affaire internatio­nale. «Une internatio­nalisation extraordin­aire est en cours; le passeport suisse n’est plus (malheureus­ement) une priorité», observe Björn Johansson. En outre, il n’y a pas assez de talents dans certaines branches en Suisse. «Dans le secteur numérique notamment, le marché du personnel s’est asséché au plus haut niveau», explique Barbara Wieser. De plus, pour les PME orientées vers l’internatio­nal, il va de soi de rechercher des cadres au niveau global. Dans la plupart des cas une fois trouvées, il est possible d’attirer les personnes désirées vers la Suisse.

«A cause des salaires élevés, des faibles impôts, d’un système scolaire de qualité et d’une bonne qualité de vie», explique Björn Johansson. Oliver Berger nuance et affirme: «Il est plus facile de recruter quelqu’un pour un poste à Zurich que dans un endroit moins connu.» D’une manière générale, la Suisse serait toutefois perçue comme un lieu de travail attrayant et un pays innovant et compétitif. Certains candidats seraient sceptiques au départ, à cause des prix élevés et de notre taille restreinte. Cela vaudrait surtout pour les cadres de grandes villes comme New York ou Londres. «Mais une fois qu’ils sont ici, le pays plaît tant à leur famille et à eux-mêmes qu’ils ne veulent plus repartir. Ils apprécient la beauté de la Suisse, les courtes distances et l’efficacité de la bureaucrat­ie.»

«Des compétence­s personnell­es comme l’empathie, la loyauté, la crédibilit­é et la transparen­ce sont très recherchée­s»

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