Le Temps

Le dernier baroud de TF1

- N. DU.

L’affaire est franco-française, mais elle oppose deux logiques à un point de tension intéressan­t. Ces dernières semaines, TF1 s’est mise à dos la plupart des opérateurs du satellite – très populaires en France en raison des régions non couvertes par les ondes classiques – et les compagnies de télécoms, en voulant imposer une forte augmentati­on de ses tarifs. Dans le cas d’Orange ou de Free, il s’agit même d’une facture nouvelle, puisque ces acteurs n’avaient pas, jusqu’ici, à payer pour inclure les chaînes de TF1 dans leur offre. Jeudi soir, Orange a annoncé un accord avec le groupe de Martin Bouygues.

La bataille reste féroce entre celui-ci et Canal+. Le réseau payant a commencé par couper toutes les chaînes de TF1. L’effet sur l’audience a été spectacula­ire: sur le plan national, la première chaîne s’est fait dépasser par France 2 durant la plupart de ses TJ. Au nom de la gratuité fondamenta­le de la réception de la télé, le gouverneme­nt a pressé Canal+ de reprendre TF1. Elle s’est partiellem­ent inclinée.

Les principaux concernés ne donnent pas de chiffres; selon les experts, l’augmentati­on de la facture de la Une à Canal+ serait de 10 millions d’euros. Certains ricanent en soulignant le fait qu’il s’agit du budget d’une saison de série, comme Le Bureau des légendes.

TF1 pose ses exigences à trois mois de la Coupe du monde de football, dont elle possède les droits pour les 28 matchs les plus intéressan­ts, d’un point de vue français. Cette année sera aussi celle des séries sur cette chaîne, puisqu’elle dévoilera notamment La Vérité sur l’affaire Harry Quebert, façonnée par Jean-Jacques Annaud.

De toute évidence, le diffuseur se sent en position de force pour présenter la facture. Mais les temps ont changé et, à l’heure où la consommati­on d’émissions ou de séries se fragmente, cette exigence, formulée dans un secteur à la fois privé et très régulé, portant sur le prix de l’ensemble des chaînes, paraît difficilem­ent défendable. Surtout lorsque ce bond des prix est présenté alors que, à rebours de la tendance générale, les recettes publicitai­res de TF1, comme celles de M6, repartent à la hausse. La vieille télé résiste, mais elle se fait bien gourmande.

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(CHARLES PLATIAU) Siège de TF1, avril 2018.

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