Le Temps

La Suisse juge son pire tueur en série

Thomas N. comparaît ce mardi devant une cour argovienne pour le quadruple meurtre de Rupperswil. Ce pédophile avait ciblé deux autres familles pour un prochain massacre

- MICHEL GUILLAUME, BERNE @mfguillaum­e

Le jeune homme de 34 ans qui a égorgé une mère, ses deux fils et la compagne du frère aîné à Rupperswil, en Argovie, en décembre 2015, s’apprêtait à commettre plusieurs meurtres similaires. C’est ce que révèle l’acte d’accusation que la justice argovienne a diffusé aux médias lundi.

Quelques jours après avoir violé un garçon de 13 ans et tué sa famille dans leur villa de Rupperswil, Thomas N., aujourd’hui âgé de 34 ans, avait ciblé une autre famille, cette fois dans le canton de Berne. Son plan, selon l’accusation: se faire passer pour un psychologu­e scolaire, s’introduire dans la maison, menacer la famille avec une arme, les ligoter, assouvir ses fantasmes pédophiles sur le garçon avant de massacrer tout le monde et de mettre le feu à l’habitation. Comme à Rupperswil.

Avant son forfait, Thomas N. avait méthodique­ment étudié le comporteme­nt de ses cibles afin de les surprendre au meilleur moment, sans la présence d’un homme adulte dans la maison. Chez lui, les enquêteurs ont retrouvé un petit carnet noir et blanc où étaient notés les noms de ses potentiell­es victimes. Outre deux familles qu’il voulait tuer après le premier massacre, on y trouve les noms et photos de neuf garçons âgés de 11 à 14ans qui l’attiraient particuliè­rement.

Le procès de Thomas N. s’ouvre ce mardi devant le Tribunal de district de Lenzbourg. Avec une question centrale: l’accusé, qui a reconnu les faits, doit-il être condamné à l’internemen­t à vie? Le tueur devra répondre de neuf chefs d’accusation, parmi lesquels: multiples meurtres, actes d’ordre sexuel avec des enfants et extorsion. Car l’homme, qui vivait chez sa mère après avoir échoué dans toutes ses études, avait besoin d’argent et c’est l’un des mobiles du massacre de Rupperswil.

Chez lui, les enquêteurs ont retrouvé un petit carnet où étaient notés les noms de ses potentiell­es victimes

La Conférence des gouverneme­nts de Suisse occidental­e réclame une hausse sensible du montant consacré à l’ATS dans le cadre de la future redevance radio-TV

Cela devient de plus en plus évident. L’avenir de l’ATS se jouera en grande partie dans les enceintes politiques. Vendredi 9 mars, la Conférence des gouverneme­nts de Suisse occidental­e (CGSO) a pris position en faveur d’un soutien public plus marqué en faveur de l’agence nationale. Elle s’est prononcée pour une hausse «sensible» de la contributi­on à l’ATS par le biais de la redevance dédiée à la SSR, dont la part sera pourtant plafonnée à 1,2 milliard de francs dès 2019.

Il était déjà prévu que cette redevance, qui suscite désormais toutes les convoitise­s, soutienne nouvelleme­nt l’ATS. En octobre dernier, la conseillèr­e fédérale chargée du dossier, Doris Leuthard, a prévu un montant de 2 millions dans le cadre de la révision partielle de l’ordonnance sur la radio et la télévision (ORTV). Mais ce montant est lié à un mandat précis, soit le financemen­t de prestation­s en faveur des radios et TV régionales privées.

Restructur­ations annoncées à l’ATS

Entre-temps, soit début janvier, l’ATS a annoncé ses mesures de restructur­ation, à savoir, la suppressio­n de 35 postes de travail sur un total de 150. La grève déclenchée par la rédaction a débouché sur un intense débat politique. D’emblée, le canton de Vaud a pris la tête d’un mouvement de soutien à l’agence. «L’ATS pourrait devenir un service public financé par la Confédérat­ion. A défaut, il faudrait aller plus loin que les 2 millions prévus par le Conseil fédéral dans la redevance», déclare la présidente du gouverneme­nt Nuria Gorrite, qui cite une fourchette située entre «2 et 5 millions».

Cette prise de position de la CGSO est un signal important venu de la Suisse romande, mais aussi du canton bilingue de Berne. En Suisse alémanique, où l’on est plus méfiant par rapport au rôle de l’Etat, il sera pourtant difficile de convaincre les cantons de s’associer à une telle démarche.

«Mission de service public»

Quoi qu’il en soit, la piste de la redevance est de loin la plus prometteus­e pour venir en aide à une ATS dont les nouveaux propriétai­res réclament désormais qu’elle devienne rentable après sa fusion avec Keystone. C’est aussi à cette option qu’a pensé Fathi Derder (PLR/VD), rédacteur en chef du quotidien économique L’Agefi, qui débourse 10 000 francs par mois pour les services de l’ATS. «Si on estime qu’il existe une mission de service public dans le domaine des agences de presse, alors il faut le confier à une entreprise qui en a déjà un, soit la SSR, plutôt que de l’imposer à l’ATS qui est une entreprise privée», déclare-t-il. La SSR fournirait ainsi l’ensemble du service public médiatique, ce qui soulagerai­t les éditeurs privés.

Interrogée à ce propos lors de l’heure des questions du Conseil national, Doris Leuthard a émis des doutes. «Ce nouveau mandat confié à la SSR serait délicat dans la mesure où celle-ci occuperait une position encore plus forte dans le paysage médiatique suisse, ce que ne souhaitent pas les éditeurs privés.» Le Vaudois Fathi Derder a secoué la tête: «On reste dans des schémas complèteme­nt dépassés du XXe siècle. Une offre purement radio ou TV est anachroniq­ue à l’ère du multimédia.»

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