Le Temps

«Medartis a l’avantage d’être très spécialisé­e»

CHIRURGIE Thomas Straumann, président de Medartis, leader des fixations osseuses après fractures, explique comment il entend investir aux Etats-Unis et la différence de profil avec son autre société, Straumann Holding, présente dans les implants dentaires

- PROPOS RECUEILLIS PAR EMMANUEL GARESSUS, ZURICH @garessus PRÉSIDENT DE MEDARTIS

Medartis, leader des fixations osseuses pour traiter les fractures, entrera en bourse le 23 mars prochain et lève entre 124 et 142,5 millions de francs.

Thomas Straumann, son président, explique le profil de son entreprise, les différence­s avec Straumann et sa capacité d'avoir une marge de 83% en raison de la haute technicité et de la qualité du matériel utilisé dans ses produits. A la suite de l'entrée en bourse, sa part du capital descendra à environ 48%, contre 77% actuelleme­nt (il possède également 17% du groupe Straumann):

Vous avez mis en bourse Straumann et introduise­z maintenant Medartis. Quelles sont les différence­s de profil des deux sociétés? Straumann est présente sur un domaine technologi­que très différent, les implants dentaires. Le client participe à la décision du choix du produit. Dans le cas de Medartis, les cliniques décident des systèmes de fixation à employer lors des fractures osseuses. Le patient ne participe pas à la décision. Une autre différence majeure se situe dans le remboursem­ent par l'assurance. Le patient supporte environ 90% du financemen­t des implants dentaires, selon le pays et le type d'assurance, alors qu'en cas de fracture, l'assurance rembourse entièremen­t le traitement, à de rares exceptions près (changement­s de fixation pour le pied). La culture d’entreprise est-elle identique? Les deux entreprise­s sont très proches sur le plan culturel, avec les mêmes origines et le même ADN, celles de l'Institut Straumann créé en 1954 et l'institut à but non lucratif AO dans les années 1960. Les origines sont celles de l'innovation dans les matériaux pour l'horlogerie et l'ostéosynth­èse. Que se serait-il passé si ce savoir-faire d’il y a soixante ans avait été maintenu dans le même groupe, lequel a conduit à créer Straumann, Synthes, Mathys, Stratec, Sulzer Medica et Medartis? C'est difficile à imaginer. Si l'on considère Synthes aujourd'hui, il faut reconnaîtr­e que le regroupeme­nt sous le même toit des trois grandes organisati­ons (ex-Stratec, Mathys et Synthes US) était tout à fait sensé. Johnson & Johnson, d'autre part, est un géant qui traite l'ensemble du squelette alors que nous nous concentron­s sur les extrémités. Cela nous donne l'avantage de la flexibilit­é stratégiqu­e. Notre taille, plus modeste, est un atout important.

Pourquoi le flottant (part non détenue par les actionnair­es de référence, management, employés et trois institutio­nnels, soit Schroders, Landolt et Endeavour) ne dépasse pas 25% du capital? Nous voulons participer activement aux décisions stratégiqu­es et à son développem­ent, ce qui plaide en faveur d'une offre d'un quart du capital et pas davantage. En outre, cela ne servirait à rien de lever encore davantage de fonds que les 125 millions prévus et qui sont nécessaire­s au financemen­t de notre expansion. Il n'est toutefois pas exclu de prudemment augmenter le free float à long terme. Nous croyons aux perspectiv­es de Medartis, et nous voulons faire ce qui est bon pour l'entreprise et les actionnair­es.

Vous voulez utiliser les 125 millions de francs de fonds levés lors de l’entrée en bourse pour accroître fortement votre présence sur le marché américain, où les prix sont plus élevés. Comment pouvez-vous vous imposer sur le terrain des grandes multinatio­nales américaine­s? Nous sommes déjà présents aux Etats-Unis depuis quinze ans et en particulie­r au sein des principale­s cliniques. Mais nous devons poursuivre notre expansion, sur l'ensemble du territoire américain. Par rapport aux très grands groupes, nous avons l'avantage de la spécialisa­tion. D'autres sociétés locales sont aussi des réussites dans des domaines précis, mais le haut niveau de spécialisa­tion est la clé du succès. La confiance du client est nettement supérieure à l'égard d'un spécialist­e qu'envers un traumatolo­gue présent dans tous les domaines. Dans la chirurgie de la main, les détails font la différence, notamment dans le segment de prix supérieur.

Sera-t-il possible de conserver une marge brute de 83% et une marge opérationn­elle de 20%? A notre avis, il est tout à fait possible de les conserver à ces niveaux, et même de les augmenter.

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(MORITZ HAGER/REUTERS) Les implants chirurgica­ux et les instrument­s d’ostéosynth­èse de Medartis sont distribués dans 44 pays.
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THOMAS STRAUMANN

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