Le Temps

Une «Grosse Koalition» pour Genève

- DAVID HAEBERLI @David_Haeberli

Dans moins d’une semaine, les Genevois auront choisi la compositio­n de leur nouveau gouverneme­nt. Cette élection complétera le renouvelle­ment du Grand Conseil, opéré le 15 avril. La séquence électorale sera terminée. Genève sera prêt à se lancer dans un défi majeur: clore le premier quart du XXIe siècle avec plus de certitudes que de doutes sur son rôle en Suisse et dans le monde.

La tâche est immense car les doutes sont grands. Au premier tour de ces élections cantonales, ils se sont exprimés par un taux de participat­ion famélique de 38,77%. C’est mieux que Berne et ses 29%. Et surtout qu’Uri, où 13% seulement du corps électoral s’est déplacé récemment pour choisir le chef de son gouverneme­nt. Mais cela reste très préoccupan­t. On peut d’abord en vouloir aux électeurs eux-mêmes de ne pas faire usage de leur droit de vote dans un moment aussi important. Bonne nouvelle pour les experts autoprocla­més qui ne cessent de faire la leçon aux élus sur les réseaux sociaux: le vote électroniq­ue leur permet pour la première fois de continuer de publier des commentair­es incendiair­es tout en exprimant leur suffrage. S’ils n’en profitent pas, il sera trop tard, lundi prochain, pour se plaindre des résultats.

Cette faible participat­ion est également le résultat d’une décennie politique où l’affronteme­nt était la règle. On l’a souligné: les Genevois, en renforçant les partis gouverneme­ntaux au parlement, le 15 avril, ont voulu mettre fin à cette manière stérile de gérer les affaires publiques. Qu’en sera-t-il au Conseil d’Etat?

L’Alternativ­e de gauche tient à ce que le vote de dimanche prochain soit le miroir de celui d’il y a deux semaines. Ce rééquilibr­age lui permettrai­t de gagner un siège, socialiste. L’Entente pense que le maintien de sa majorité gouverneme­ntale est nécessaire à la mise en oeuvre de réformes importante­s. Mauro Poggia, ministre MCG, s’est réjoui, lui, de jouer les arbitres entre gauche et droite.

Cette dernière réaction est inquiétant­e. Elle mise sur la résolution de divisions profondes par la grâce d’un positionne­ment magique «ni gauche ni droite». Cette configurat­ion n’a plus cours. Elle a généré des échecs, et les Genevois n’en veulent plus. Pour chasser les doutes que le canton peut nourrir sur lui-même après une législatur­e décevante, le Conseil d’Etat sorti des urnes doit s’inspirer de l’exemple allemand. Une «Grosse Koalition» pour Genève? Si Pierre Maudet n’est pas Angela Merkel, le PLR, déjà élu, sera en position de faire travailler les ministres sur un programme de gouverneme­nt où l’intérêt partisan cède devant celui du canton.

Dans cette perspectiv­e, la seule question qui importe est celle des personnali­tés. Et les doutes sont plus grands concernant la capacité du ministre Luc Barthassat à se fondre dans un gouverneme­nt d’inspiratio­n «germanique» que sur celle du conseiller administra­tif Thierry Apothéloz.

Chasser les doutes que le canton nourrit sur lui-même

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