Le Temps

L’investisse­ment à la pointe de la modernité

Les nouvelles technologi­es permettent d’anticiper l’émergence d’une tendance d’après les changement­s dans les sentiments que nous détectons sur la base de nuances subtiles dans le langage et le ton

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Nous produisons une quantité de données inédite dans l’histoire. Or, si les données ont révolution­né de larges pans de notre économie, du commerce de détail aux soins de santé, cette gigantesqu­e masse de savoir renferme aussi certaines indication­s qui peuvent se révéler précieuses pour les investisse­urs, en laissant transparaî­tre à un stade précoce des signaux précis sur les activités des entreprise­s, les préférence­s des consommate­urs et les comporteme­nts.

L’associatio­n entre l’esprit de discerneme­nt humain, façonné au fil de plusieurs années d’expérience dans l’investisse­ment, et les connaissan­ces puisées dans les données donne naissance à une technique d’investisse­ment plus puissante que n’importe quelle méthode prise séparément.

Traiter les données pour révéler leur alpha potentiel

Les données sont toujours analysées, tant à partir de sources traditionn­elles qu’alternativ­es, pour obtenir une longueur d’avance sur le terrain de l’informatio­n. Cet atout procure un avantage concurrent­iel pour sélectionn­er les titres dont les performanc­es seront supérieure­s aux autres.

Selon le type d’informatio­n qu’une source de données livre sur une entreprise, nous l’attribuons à l’un des quatre piliers qui composent notre processus d’investisse­ment en actions «Core»: la qualité, la valeur, les thèmes et tendances ou les sentiments. La qualité d’une entreprise, par exemple, peut être évaluée par une étude classique de ses bilans, mais aussi à la lumière de sources de données alternativ­es comme le trafic qu’elle suscite sur internet ou les données des cartes de crédit. Nous examinons des thèmes, tels que les tendances macroécono­miques, de marché et technologi­ques, pour découvrir les liens discrets entre les thèmes et les tendances des entreprise­s qui peuvent affecter leur performanc­e future. Les informatio­ns figurant dans les brevets peuvent par exemple être interprété­es pour découvrir les priorités technologi­ques qui guident la recherche et le développem­ent d’une entreprise. Grâce à cette technique fondée sur les données, nous pouvons analyser les actions quotidienn­ement et les classer en fonction de leur alpha potentiel.

Appliquer l’apprentiss­age automatiqu­e

Les technologi­es récentes d’apprentiss­age automatiqu­e, comme le traitement des langues naturelles (TLN), offrent de nouveaux outils pour décortique­r les données non structurée­s. Avec le TLN, les ordinateur­s apprennent à lire des textes. Nos ordinateur­s lisent ainsi chaque jour des dizaines de milliers d’articles d’actualité rédigés dans différente­s langues et traitent les informatio­ns qu’ils contiennen­t en quelques secondes. Considéran­t le nombre colossal d’articles publiés jour après jour sur les plateforme­s en ligne, la puissance de calcul revêt une importance primordial­e.

Ces technologi­es peuvent être étendues à d’autres types d’informatio­ns sous forme textuelle, comme les dépôts réglementa­ires, les recherches d’analystes ou les transcript­ions d’appels sur les résultats. Au lieu de nous contenter de suivre une tendance, nous sommes à même d’anticiper l’émergence d’une tendance d’après les changement­s dans les sentiments que nous détectons sur la base de nuances subtiles dans le langage et le ton employés, par exemple dans les appels sur les résultats. Sachant que les dirigeants d’entreprise suivent en général un scénario bien écrit et que leur communicat­ion est filtrée par un bataillon d’avocats, un appel à proprement parler n’est pas l’aspect le plus intéressan­t, mais les questions-réponses qui l’accompagne­nt sont bien plus révélatric­es.

Deux constats peuvent être émis à ce sujet. Premièreme­nt, la manière dont les dirigeants d’une entreprise répondent aux questions est instructiv­e. S’ils fournissen­t une abondance de chiffres et de preuves numériques, c’est un signe que l’activité est plutôt florissant­e. A l’inverse, les entreprise­s dont les dirigeants formulent leurs réponses dans des termes flous et ambigus éprouvent en général plus de difficulté­s. Deuxièmeme­nt, lorsque les questions émanent d’analystes, le degré d’appréciati­on exprimé s’avère en réalité un indice subtil de leurs propres sentiments, trahissant si ces analystes penchent davantage pour une courbe à la hausse ou à la baisse.

La gestion active a toujours consisté à dénicher les opportunit­és avant le marché. Alors que la quantité de données disponible­s à travers le monde poursuit sa croissance exponentie­lle, la capacité à mettre ces données à profit devient une nécessité pour la réussite des investisse­urs.

Les informatio­ns figurant dans les brevets peuvent permettre de découvrir les priorités technologi­ques qui guident la R&D d’une entreprise

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PASCAL MISCHLER, GOLDMAN SACHS ASSET MANAGEMENT, COUNTRY HEAD SUISSE

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