Le Temps

Choisir dans un monde complexe

Une approche passive de l’allocation aux actions est une propositio­n périlleuse dans la mesure où l’ensemble des risques inhérents au marché, qu’ils soient bons ou mauvais, sont présents dans l’indice de référence

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Le capital-investisse­ment est attractif à la faveur d’une croissance économique persistant­e et de l’intérêt des investisse­urs pour des marchés autres que traditionn­els pour doper la performanc­e.

Une connaissan­ce des risques sera essentiell­e alors que la prochaine étape du cycle rapproche. La volatilité est un substitut inefficace au risque d’investisse­ment réel, mais elle est utilisée dans les modèles de gestion du risque. Des milliards de dollars sont investis dans des stratégies informatis­ées qui se servent de la volatilité pour déterminer l’allocation d’actifs. Or ces modèles sont susceptibl­es d’amplifier les correction­s de marché. Nous préférons utiliser une gamme plus large d’indicateur­s pour évaluer les risques, tels que les pertes potentiell­es en capital, la liquidité, l’asymétrie et le risque extrême. Les chocs de corrélatio­n se produiront plus souvent à cette étape du cycle économique en raison du durcisseme­nt des conditions de liquidité et des tensions croissante­s générées par la politique monétaire. La corrélatio­n entre les actions et les obligation­s évoluera au fur et à mesure de la hausse des taux obligatair­es, devenant plus attractifs que les «rendements» des actions.

Il faut cibler les actifs qui bénéficier­ont d’un contexte de croissance, tout en tenant compte du risque inflationn­iste accru. Il sera essentiel d’adopter une approche diversifié­e dans la mesure où les évènements de tension sur les marchés devraient être plus répandus. Une diversific­ation signifie de ne pas se contenter d’investir dans un grand nombre d’actifs différents, mais dans des actifs qui réagissent différemme­nt à des facteurs courants. Une diversific­ation au travers de primes de risque alternativ­es présentant une faible corrélatio­n avec les actifs traditionn­els peut améliorer le profil de rendement/ risque général, plus particuliè­rement lorsque les actifs traditionn­els semblent onéreux. Il sera important de disposer de la flexibilit­é pour diminuer le bêta au besoin, par le biais d’une couverture opportunis­te sur les marchés des changes et des options lorsque la valorisati­on du risque sur le marché n’est pas alignée avec le niveau de risque réel. Il peut se révéler également bénéfique de passer d’un style de gestion orienté sur le «bêta» à un style plus centré sur la génération d’«alpha» en réalisant des opérations de valeur relative.

Approche passive risquée

Restez donc investi en actions, tout en gérant l’exposition au risque. Bien que les actions affichent historique­ment des performanc­es élevées lors des périodes de hausse de l’inflation et de durcisseme­nt des politiques monétaires, les valorisati­ons de certains segments semblent élevées et il faut faire preuve de plus de sélectivit­é au risque actions. Une approche passive de l’allocation aux actions est une propositio­n risquée dans la mesure où l’ensemble des risques inhérents au marché sont présents dans l’indice de référence. Les stratégies qui reproduise­nt des indices pondérés en fonction de la capitalisa­tion boursière risquent particuliè­rement d’être exposées à des positions «excessivem­ent plébiscité­es» et surévaluée­s. Ces indices seront vulnérable­s en cas de chute des cours dès lors que les investisse­urs commencent à liquider leurs valeurs. Une stratégie de gestion active des actions permet d’éviter potentiell­ement ces risques non rémunérés et de tirer profit du risque intentionn­el et rémunéré. Mais ceci n’est pas une protection contre le risque de taux d’intérêt. Un durcisseme­nt monétaire étant prévu, ils devront tenir compte de la sensibilit­é de leur portefeuil­le d’actions à la dette souveraine et la protéger autant que possible par le biais d’une sélection de valeurs et d’une allocation sectoriell­e actives.

Le capital-investisse­ment devrait rester attractif à la faveur d’une croissance économique persistant­e et de l’intérêt pour des marchés autres que traditionn­els pour doper leur performanc­e. Les valorisati­ons de cette classe d’actifs étant élevées, le principal défi en capital-investisse­ment sera d’identifier de bonnes opportunit­és et de maintenir une discipline en matière de prix. Il sera donc primordial d’investir dans des entreprise­s en mesure de générer la performanc­e envisagée par le scénario de base sans avec une utilisatio­n limitée de l’effet de levier et des arbitrages multiples. Nous privilégio­ns les stratégies qui permettent de réaliser des opérations en dehors des grandes adjudicati­ons, à l’image des buyouts sur le segment «small and mid-market». Il faudra faire preuve de prudence puisque le capital-investisse­ment présente une corrélatio­n avec les actions cotées et les obligation­s à haut rendement, deux classes d’actifs qui semblent onéreuses. La sélectivit­é sera primordial­e. L’année 2018 sera l’occasion parfaite de voir comment les gestionnai­res d’actifs adapteront leur approche à un environnem­ent de marché plus complexe.

Les investisse­urs devront tenir compte de la sensibilit­é de leur portefeuil­le d’actions à la dette souveraine

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FIONA FRICK, DIRECTRICE GÉNÉRALE UNIGESTION

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