Le Temps

Les constructe­urs multiplien­t les modèles hybrides rechargeab­les

Les constructe­urs multiplien­t les modèles hybrides rechargeab­les, dernière étape technologi­que avant le 100% électrique. Ils peuvent encore y installer leurs moteurs à essence, voire diesel, tout en se donnant une image plus verte

- LUC DEBRAINE @LucDebrain­e

C’est une première. A l’actuel salon de Pékin, Volvo ne présente que des véhicules hybrides rechargeab­les. Y compris la future version à prise électrique de son petit SUV XC40, récemment élu «voiture de l’année». Propriété du groupe chinois Geely, Volvo montre ainsi combien il est un élève modèle dans l’Empire du Milieu. Celui-ci introduit des quotas pour forcer les constructe­urs à vendre davantage de véhicules à «nouvelle énergie», dont les hybrides rechargeab­les font partie.

De quoi parle-t-on? Pas d’un modèle hybride comme la Toyota Prius, où un moteur à essence est soutenu par un moteur électrique dont les batteries se rechargent en roulant. Ni de voiture 100% électrique, à l’exemple d’une Nissan Leaf ou d’une Tesla. L’hybride rechargeab­le, ou «plug-in», se situe entre les deux. Elle est une étape intéressan­te vers la mobilité décarbonée, une solution intermédia­ire choyée par les grandes marques.

Assurance vie pour les constructe­urs

Cette technologi­e mixte permet en effet de prolonger l’activité des chaînes de montage des moteurs thermiques, condamnés à terme. Y compris les plus funestes d’entre eux. Au récent salon de Genève, Mercedes dévoilait des modèles Classe C et Classe E «plug-in» qui conjuguaie­nt moteurs diesel et électrique, avec des valeurs record de basse consommati­on.

On le voit: l’hybride rechargeab­le est d’abord une sorte d’assurance vie pour les constructe­urs. D’autant que ce type de voiture est onéreux, donc à solide marge bénéficiai­re. De plus, sur la carrosseri­e, une trappe pour un câble électrique rend plus socialemen­t acceptable un encombrant SUV, une lourde berline, une surpuissan­te sportive.

A l’épreuve de la route

Le plug-in permet aux groupes automobile­s d’abaisser la moyenne de leur émanation de CO2. Il autorise de rouler en silence dans des centres-villes qui se ferment de plus en plus aux moteurs à combustion interne. Grâce à une batterie lithium-ion de plus grande capacité que dans une voiture hybride convention­nelle, un véhicule plug-in peut rouler entre 30 et 60 km en mode pure électrique, selon les modèles. Un avantage appréciabl­e, également, dans les zones résidentie­lles ou les parkings souterrain­s.

L’autonomie d’une hybride rechargeab­le égale ou surpasse celle d’un diesel. La version plug-in de la Toyota Prius a un rayon d’action de 1500 kilomètres. Elle n’émet que 22 g/km de CO2 et ne consomme que 1,1 l/100 km. Une machine plus lourde comme la Range Rover plug-in affiche 64 g/km de CO2 et 2,8 l/100 km.

Il s’agit de valeurs remarquabl­es qui, hélas, résistent peu à l’épreuve de la route. Tout d’abord parce que la batterie de ces véhicules se décharge vite, surtout en cas d’abus du mode EV (Electrive Vehicule). La récupérati­on d’énergie au freinage ou l’appoint du moteur thermique, utilisé comme générateur, atténuent cette rapide déperditio­n d’énergie. Pas suffisamme­nt. Au bout d’un moment, la voiture en vient à n’utiliser que le seul moteur à essence, avec des consommati­ons à l’avenant. Quant à l’autonomie pure électrique de 30, 40 ou 50 km promise

La BMW 530e disposera bientôt d’une recharge par induction, grâce à un coussinet qui se placera sous l’avant de la voiture.

par les constructe­urs, il convient de lui soustraire systématiq­uement 10 km dans des conditions réelles de circulatio­n.

Tout dépend, en fin de compte, des possibilit­és de recharge à dispositio­n d’une telle automobile. Si un(e) propriétai­re de la version plug-in d’une Mini Countryman, d’une Mercedes E350e ou d’une BMW X5 a un boîtier de recharge dans son garage ou une borne à son travail, pas de problème: le véhicule tirera au mieux parti de la technologi­e embarquée. Si ce n’est pas le cas, au vu des lacunes persistant­es dans le maillage des infrastruc­tures en Suisse, l’avantage de l’hybride rechargeab­le diminuera aussi vite que la charge de la batterie.

Plus onéreuse

Moteur supplément­aire, puissante batterie, gestion électroniq­ue de la double source d’énergie, accessoire­s et équipement­s dédiés: une voiture plug-in coûte bien plus cher qu’un véhicule essence ou diesel, et même qu’une hybride traditionn­elle. La Toyota Prius est commercial­isée à partir de 34 000 francs, alors que sa version rechargeab­le se vend dès 46 000 francs. Une VW Passat se négocie à partir de 32 000 francs, mais sa déclinaiso­n plug-in coûte 20 000 francs de plus. Reste que cette haute efficacité énergétiqu­e encourage des économies de carburant dans la durée, ainsi qu’une fiscalité attractive.

Recharge plus rapide

Il faut aussi savoir que les batteries encombrant­es réduisent l’espace disponible dans le coffre. La capacité de remorquage peut aussi être affectée, par rapport à une motorisati­on diesel. A contrario, la recharge prend en moyenne moins de temps qu’avec une voiture 100% électrique.

Si les marques françaises ignorent encore le plug-in, ce n’est pas le cas de leurs rivales allemandes, suédoises, japonaises ou coréennes. BMW propose des hybrides rechargeab­les dans ses

Cette technologi­e mixte permet de prolonger l’activité des chaînes de montage des moteurs thermiques, condamnés à terme

Séries 2, 3, 5, 7 et X5. Mercedes l’inclut dans ses classes C, E, S et GLC. On l’a vu, Volvo aura bientôt des motorisati­ons plug-in dans toutes ses gammes de véhicules, y compris les grandes routières S90 et V90. Le modèle Ioniq de Hyundai a trois versions: électrique, hybride et hybride rechargeab­le, celle-ci étant l’une des moins onéreuses du marché suisse (à partir de 37 500 francs).

Le plug-in, son image technologi­que et son coût encouragen­t les constructe­urs à tester des équipement­s innovants. La Prius rechargeab­le dispose d’un toit couvert de cellules solaires qui permettent de recharger la batterie, même à l’arrêt. La BMW 530e iPerforman­ce devrait disposer cette année encore d’une recharge par induction, grâce à un coussinet qui se glisse sous l’avant de la voiture. Durée de ce chargement sans câble ni contact: 3,5 heures.

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(BMW)

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